lundi 2 novembre 2009

NOUVEAU BLOG !!!

J'entend déjà les mauvaises langues...
"Un nouveau blog? Pourquoi donc? Il ferait mieux de s'occuper un peu plus de celui-ci..."
C'est pas faux. Et pourtant, ce nouveau blog, comme l'indique son intitulé, sera un peu le miroir de celui-ci.
Sa raison d'être est de fournir un support d'écoute un peu plus exhaustif à des disques qui seront présentés ici et, mieux, de me permettre de vous faire découvrir quelques trucs énormes que vous ne trouverez pas en téléchargement ou en écoute ailleurs... C'est pas bioutifoul, ça? Et pour inaugurer le p'tit dernier, je vous propose rien moins que le dernier...Monkey3, intégralement composé de reprises (Archive, Kiss, Pink Floyd, Led Zeppelin, Deep Purple, Ennio Morricone).
Merci qui? (le premier qui répond "Mamie Nova"...)

des oreilles dans les yeux

samedi 17 octobre 2009

Om Mani - Apology (2009)

















A l'inverse du jeune garçon de la pochette, je ne me retiendrai pas de formuler tout le bien que je pense de cet "Apology", premier album autoproduit du quatuor Lillois Om Mani, dont le nom désigne le mantra bouddhiste de La Grande Compassion... Et bouddha sait que justement je compatis d'avance à la claque que vous allez prendre, je l'espère, comme votre serviteur avant vous.
Dans la lignée de groupes français comme Hacride (dont ils assurèrent la première partie), Gojira ou Eryn Non Dae, Om Mani a été biberonné au Meshuggah dès son plus jeune âge, mais affirme dès ce premier long format une véritable personnalité. Héritant des suèdois la science des polyrythmies, riffs syncopés et murs de guitares, ils s'en distinguent d'entrée par une dualité propre, stigmatisée par un chant versatile, capable de growls gutturaux comme d'arabesques mélodiques évanescentes ou d'harmonies chorales quasi-mystiques qui ne sont pas sans rappeler celles de Maynard James Keenan (Tool, A Perfect Circle)... le tout au sein d'un même morceau, un peu comme ce que faisait Meathook Seed sur leur B.I.B.L.E. (avec un chanteur français, d'ailleurs) 10 ans plus tôt.
A l'image du chant, presque schizophrène, la musique souffle le chaud et le froid, tour à tour groovy ("The Call"), primalement brutale et mélodique ("Bad Seed"), portée par une section rythmique infaillible sur laquelles se greffent des guitares écrasantes, reptiliennes ou boostées ("Eternal Sleep"), chants rituels ou gutturaux ("Apology", "Burnout"), samples de films et ambiances sombres et tribales (le très Neurosien "No Prayer...").
Complexe et riche, cet album ne s'imprimera sans doute pas immédiatement dans votre mémoire, mais quelque chose me dit que ces 55 minutes vous paraîtront passer si vite que votre index sera tenté de cliquer sur "play" sitôt le silence revenu.

Deux petites choses encore, et non des moindres:
.La présence de Samuel Bourreau (chanteur de Hacride) sur le titre "The Call"
.Le groupe met à disposition ce superbe album en téléchargement gratuit, vous laissant le soin de l'encourager financièrement si vous le souhaitez, et je crois que je le ferai très très rapidement...

Moralité: ça serait dommage de ne pas essayer...

site officiel et myspace de Om Mani
l'album en téléchargement légal et gratuit

Si vous avez aimé, essayez aussi:
.les influences perceptibles: Meshuggah, Tool
.les "cousins français": Hacride, Gojira, Eryn Non Dae
... et pourquoi pas l'album de Meathook Seed "Basic Instructions Before Leaving Earth" (B.I.B.L.E.), groupe fondé par Mitch Harris (Napalm Death) et deux membres de Obituary remplacés sur ce LP par Shane Embury (Napalm Death) et Christophe Lamouret, chanteur des néo-métalleux français de Out (titres inédits à écouter ici)

vendredi 16 octobre 2009

Aqua Nebula Oscillator - Under the Moon of... (2008)


















Du fond de sa crypte, le quatuor franco-belge-québécois Aqua Nebula Oscillator sort son deuxième album en un an, après un premier essai éponyme évoquant tant le space-rock de Hawkwind que les expérimentations électroniques de Silver Apples.
Egalement nourris aux Stooges, Seeds, Floyd ou Pink Fairies, les musiciens d'ANO perpétuent un psychédélisme sombre à l'américaine, assumant un certain penchant (un penchant certain?) pour l'occultisme.
Le magma de fuzz bourdonnante porte les sombres litanies de David Os et se déchire aux feulements de la belge Shazzula, entrecoupé ou mêlé d'orgue, sitar, oscillations électroniques ou percussions vaudou-tribales qui fleurent bon le psychédélisme d'antan, bien conservé au fond de la cave, justement.

myspace Aqua Nebula Oscillator

regarder le clip Get Higher, basé sur la ligne de basse du "Set the controls for the heart of the Sun" de Pink Floyd

A écouter aussi si vous avez aimé:

.Juantrip, producteur de l'album, batteur du précédent, et ancien DJ de chez FCom (label de Laurent Garnier)

.la compil "Voyage : Facing the History of French Modern Psychedelia" du label Pan European Recording

U.S. Christmas - Eat the Low Dogs (2008)


















Signé sur Neurot Recordings, U.S. Christmas (en hommage à Peckinpah), USX pour les intimes, partage avec ses compères de label un goût certain pour le psychédélisme dark et l'expression crue des émotions, mais les ressemblances s'arrêtent là.
Au long de neuf pistes majoritairement mid-tempo, les six musiciens tissent des ambiances tour à tour vaporeuses et claustrophobes, crépusculaires et poussiéreuses comme les grandes étendues de Caroline du Nord dont ils sont originaires. Il y a du Neil Young dans ce rock du désert, dans ces paysages sonores évoquant le Dead Man de Jim Jarmush, mais aussi une fièvre, une violence, un désespoir peu communs, suintant par tous les instruments.
Les amplis à lampes confèrent aux guitares un grain incroyable dans les moments les plus épurés comme dans les plus fougueux, lorsque la tension ne devient pas libération mais aliénation. Nombre d'effets psychédéliques ou shoegaze (réverbs, delays...) se superposent en strates hypnotiques et fascinantes et donnent au désert l'aspect d'une planète inconnue, impression renforcée par l'utilisation d'un theremin apportant au tout un côté spatial et impalpable. [On est encore dans le "thema"...]
Et puis il y a le chant de Nate Hall, entre spoken-word et harangue véhémente, à fleur de peau, qui déverse douleur, tristesse, frustration et colère du fond de sa solitude, avec tellement d'impudeur que c'en est presque obscène.
Un album cathartique et vénéneux à la fois.
Vice et râle.


myspace U.S. Christmas

écouter U.S. Christmas

Farflung - A Wound in Eternity (2008)


















De retour après deux mois d'absence (non, non, je n'étais pas dans l'espace, juste un peu tête-en-l'air...) je vais vous parler aujourd'hui du disque qui a provoqué mon envie de faire un ptit "thema space-rock": A Wound in Eternity, du sextet angelino Farflung.
Sixième album du groupe, ce dernier bénéficie d'un son remarquable, à la fois aéré et fourmillant de détails; une galaxie sonore, en quelque sorte, que l'on traverse à bord d'un space-mountain halluciné.
La musique de Farflung doit autant aux "Grands Anciens" garage et space (Hawkwind, bien sûr, mais aussi MC5, Stooges...) qu'à des formations plus stoner-rock comme Fu-Manchu. Les premières secondes de l'album, overdrive dans le rouge, évoquent immédiatement les meilleures heures de Monster Magnet, avant que les synthés en boucles hypnotiques ne nous entraînent dans un univers psychédélique pas très éloigné des dernières productions d'Ozric Tentacles. "The Call" rappelera quant à lui Karma To Burn par ses riffs et Monkey3 par son break en apesanteur. Après deux morceaux "hi-octane", le groupe calme le jeu avec "Eternal Sleep"; le chant se fait psalmodique, la musique acoustique, le temps d'un mantra conduisant à une douce transe chamanique, dans laquelle on replonge avec délice sur "Stella Volo", avant que l'atmosphère ne se fasse plus dense, quasi opiacée quoique traversée ça et là par des notes de guitare semblables à des étoiles filantes, rares et lumineuses ("IX"), contrastant avec un chant grave et inquiétant.
Je ne vous décrirai pas les autres morceaux un par un pour vous laisser le plaisir de la découverte, mais attendez vous à croiser plus tard les fantômes de Pink Floyd et Jane's Addiction (le moog, "Precognition" qui rappelle "The Nile Song" mais aussi Killing Joke dans le chant, le bien nommé "Silver Shrooms").
Port du casque obligatoire pour profiter pleinement de cette musique hautement hallucinogène!


Myspace Farflung

le clip délirant de "Endless Drifting Wreck", pour voir les zozos en action...

Le chef vous recommande aussi:
.Farflung:
"9 Pin Body" (2002), dans la même lignée que ce "A wound..."
"When science fails" (2002), beaucoup plus atmosphérique, lent et hypnotique, plus kraut, quoi...
.35007
.Hawkwind
.Karma To Burn
.Comets On Fire
.Monster Magnet, à écouter ou télécharger légalement
.Ozric Tentacles, écoute sur Deezer

mercredi 15 juillet 2009

Comets On Fire - Blue Cathedral (2004)


















Originaire de Santa Cruz (Californie), Comets On Fire signe en 2004 son troisième album et premier pour Sub Pop, label bien connu pour avoir été le premier à accueillir un obscur petit groupe nommé Nirvana. Si le combo évolue dans un registre plus garage que ces derniers, il partage quelques influences avec son compère de label Mudhoney, en particulier MC5 et son rock hautement vitaminé.
"The bee and the cracking egg" démarre sur les chapeaux de roue, façon Detroit Rock City, fuzz et wha à tous les étages, noyés dans un magma d'effets à la Hawkwind, tout comme le chant miaulant, feulant, évoquant un Robert Plant qui aurait mis les doigts dans la prise. Sur les titres suivants, on songera également à Pink Floyd ("Wild Whiskey" et ses atmosphères entre "Meddle" et "Dark Side of the Moon) ou Neil Young.
Le groupe connaît ses classiques et fusionne à haute température quarante années de musique électrique, que ce soit sous la forme d'un rock fiévreux où les riffs glissent et crissent, ou sur des tempi plus posés, bluesy, presque jazz parfois, lorsque piano, orgue et sax prennent le relais à défaut de participer au barouf général.
Je vous l'accorde, on n'est pas tout à fait dans le space rock, mais ces comètes valent bien la peine de lever l'oreille...
... et de faire un voeu.

site et myspace de Comets on Fire
écouter sur You Scrobble

Si vous avez aimé, essayez aussi:
Hawkwind, Mudhoney, MC5, Led Zeppelin, Pink Floyd, Neil Young...

Hawkwind - Space Ritual (1973)

















Il me semble impossible de commencer un Théma "Space Rock" sans vous parler des fondateurs du genre, Hawkwind, dont certains d'entre vous auront peut-être entendu parler comme étant "l' ancien groupe de Lemmy Kilmister, tu-sais-le-chanteur-de-Motörhead-oui-celui-avec-le-poireau-et-la-bouteille-de-Jack-Daniel's-rock'n roll, quoi...". En fait, celui-ci n'intégra le groupe que de 1972 à 1975, date à laquelle il fut arrêté à la frontière canadienne pour possession d'amphétamines. Une dernière anecdote? "Motörhead" est aussi le titre du dernier morceau qu'il composa pour Hawkwind. Stupéfiant, non?...
Avant d'être le bébé de Lemmy (basse, chant), Hawkwind est d'abord celui de Dave Brock (guitare, chant), seul membre originel, aux commandes du vaisseau depuis près de 40 ans. Sur l'album qui nous intéresse ici, le collectif anglais réunit le poète Robert Calvert, Del Dettmar (synthé, sons), Dikmik (bruitages électroniques, oscillo surnommé "Audio Generator"), Simon King (batterie), Nick Turner (flute, sax, chant) et enfin Liquid Len and the Lensmen (lumières) et la danseuse Stacia pour les shows. Car ce "Space Ritual" est en fait un album live, issu de concerts donnés à Londres et Liverpool en décembre 1972. Deux concerts, ou plutôt deux célébrations auréolées d'un mysticisme celte, conjuguant musique, lumières et danse, les yeux et l'esprit perdus dans les étoiles.
Dès les premières secondes, "Earth Calling" vous libère de la pesanteur avant que "Born to Go" ne vous emmène à bord d'un chopper cosmique à la découverte de l'inconnu, propulsée par le jeu de basse groovy et hypnotique -déjà typé, donc- de Lemmy. Toutefois, si ce rock racé et cadencé ne manque d'évoquer celui d' Easy Rider, il se distingue nettement des univers beat et hippie par ses aspirations spatiales et un côté obscur plus proche de Black Sabbath que de Steppenwolf.
Les morceaux, dépassant souvent les huit minutes, vous emmènent aux côtés de ces guerriers célestes en plein infini, portés par des vents stellaires faits de strates de distos, wha, réverb, oscillations et effets au psychédélisme floydien, croisant çà et là une flûte ou un sax, étranges comètes aux résonnances tour à tour mélodiques ou crissantes, avant que la course ne se fige à l'approche d'une planète tandis que la voix de Calvert s'élève sur des ambiances glacées pour déclamer une poésie d'outre-espace... pour mieux repartir à l'assaut du cosmos ensuite.
Si vous avez raté la navette de 1973, il n'est pas trop tard.

écouter l'album sur Deezer
infos et discographie sur ProgArchives
regarder un live de "Silver Machine" (le hit malheureusement absent de "Space Ritual")
Hawkwind à Stonehenge, en 1984: part. 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6

Petit lexique... et quelques références pour la suite

Un petit lexique avant d'aborder notre Théma "Space-rock"...
Ok, je n'ai pas cherché loin, mais bien que récupérées sur Wikipédia, les définitions suivantes vous donneront une petite idée de ce dont il s'agit. Et si vous voulez des infos plus précises, c'est comme pour le reste: cherchez, creusez, confrontez... et écoutez!
Pour les plus paresseux (mais anglophones) il y a aussi les sites de StonerRock et ProgArchives, dont vous trouverez les liens sur ce blog (dans la colonne de droite, regardez...).
Quelques "définitions", donc:
.Space Rock
.Kraut Rock
.Garage Rock
.Stoner Rock
.Rock Psychédélique
.Rock Progressif

Pas mal de références risquant de revenir, je vous met les liens pour quelques groupes "fondamentaux" pour la suite:
.Hawkwind
.MC5
.The Stooges
.Silver Apples
.The Pink Fairies
.Pink Floyd
.Neil Young
.Ash Ra Tempel
.Monstermagnet
A suivre...

samedi 11 juillet 2009

35007 - Discographie complète




































Formé aux Pays-Bas à la fin des années 80, 35007 (prononcer "LOOSE" en langage mathématique) est également le titre d'un morceau de Monkey3, l'un des combos suisses préférés de votre serviteur. L'écoute de leurs trois derniers opus devrait d'ailleurs dissiper tout soupçon de coïncidence ou de hasard dans l'affaire.

Sur leur premier album, "Especially for You" (1994), le groupe délivre un rock stoner pas si éloigné de celui de Kyuss: riffs fuzz et bluesy, rythmes groovy... Mais la composition, même du groupe, incluant un clavier (moog), un video jockey et un ingé son, apporte déjà aux néerlandais une personnalité bien à part. Le chant en retrait, tantôt rageur ou mélodique, laisse les samples et effets sonores emmener la musique aux confins du désert pour un trip plus... cosmique.

Second album, "Into the void we travelled" (1997) marque le début du jeu de chaises musicales par un changement de batteur. S'il comporte aussi quelques titres pêchus (le frontal "Big Bore"), et son lot de riffs hypnotiques évoquant parfois Karma To Burn ou -pourquoi pas?- Tool ("Soul Machine"), l'album comporte davantage de respirations et confirme la tendance vers un trip plus "spacy".

En 2001, le EP "Sea Of Tranquility" marque le départ du chanteur. La musique prend son essor, se fait à la fois plus ample et plus aérienne, posant avec brio les bases de la nouvelle orientation instrumentale du groupe. Un terreau fertile qui verra naître les plus belles réussites du groupe, et sans doute aussi celles de Monkey 3 par la suite...

Un an plus tard, sort Liquid, incontestablement mon préféré. Sous-titré "Original Sound Track Recording - Music conceived and transmitted by 35007", l'album se présente comme la bande originale d'un film imaginaire. Composé de 4 morceaux aux titres évocateurs ("Tsunami", "Crystalline", "Evaporate" et "Voyage automatique"), le disque s'ouvre et se ferme en boucle par des sons électroniques, des samples aquatiques et deux morceaux fleuves de 11 et 13 minutes. Entre les deux, la musique vous emporte en mer inconnue. Profonde et émotionnelle, elle suggère tant l'immensité à perte de vue de l'océan dans ses moments les plus apaisés, que la puissance des vagues et du courant dans ses riffs amples et élémentaux. Un trip total, à condition de s'y plonger en totale immersion.

Phase V (2005) marque l'arrivée d'un nouveau guitariste officiant auparavant chez leurs compatriotes de Beaver. Si ce nom vous évoque quelque chose, c'est peut être parce que ceux-ci partagèrent en 1998 un split avec les américains de Queens Of The Stone Age. Plus mélodique, doté d'un son plus précis et plus lourd, ce cinquième album relève le défi de succéder à son illustre prédécesseur tout en se renouvelant. L'odyssée musicale se poursuit, davantage cosmique qu'aquatique, mais tout aussi hypnotique et psychédélique.
A vous de découvrir la suite...

Myspace et site de 35007
écouter des morceaux sur Deezer ou Myspace music
écouter la discographie sur You Scrobble
regarder le clip Tsunami

Si vous avez aimé, essayez aussi:
.Monkey 3 - écouter le morceau 35007 de Monkey 3
.Farflung (chronique à venir)

vendredi 8 mai 2009

Mastodon - Crack The Skye (2009)


















Tout comme Kylesa ou Baroness (dont vous trouverez aussi des chroniques en ces pages), Mastodon est originaire de Géorgie (USA, Atlanta cette fois); de là à qualifier cet état de nouvelle Mecque du heavy progressif, il n'y a qu'un pas, que nous franchirons avec le sourire (et l'écume) au lèvres.
Quatrième album pour le Mastodon, qui signe ici son album le plus mélodique... au grand dam des petits hommes qui suivent ses traces depuis sa préhistoire. Pourtant, au vu de l'évolution de la bête, rien d'étonnant sur ce point. Cependant, là où le précédent opus ("Blood Mountain") s'avèrait plus expérimental et parfois peu digeste, ce "Crack the Skye" témoigne d'une maîtrise formelle incontestable.
Que les fans de l'âge de pierre se rassurent, Mastodon reste immédiatement identifiable à ses compos épiques combinant riffs velus, arpèges tortueux, soli de guitare créatifs et harmonisés, lignes de basse superbes et versatilité rythmique magnifiée par un batteur tentaculaire, sans doute un peu moins démonstratif que par le passé. La raison en est sans doute que cet album a pour Brann Dailor, reponsable des fûts, une valeur toute personnelle et affective, son titre faisant directement référence à sa soeur Skye décédée à l'âge de 12 ans. Il y met plus de coeur, de voix, et... un peu moins de bras (sept au lieu de huit?), laissant davantage de place aux guitares qui se taillent ici la part du lion.
Débarassé de growls (excepté sur le titre éponyme, où Scott Kelly de Neurosis vient poser les siens), le groupe atteint ici une cohérence émotionnelle inédite, jouant à l'unisson, chacun débordant de feeling au service d'une oeuvre inspirée tant dans la composition et l'exécution, que dans les transitions et la dynamique, magnifiquement servies par une production à la fois chaude, ample, et parfaitement définie. Plus rock, moins metal? Peu importe, tant la musique rend ici un hommage vibrant aux 70's, en atteste le superbe "The Czar" et ses riffs et soli zeppelinesques ou thin-lizzyiens, son chant nasal rappelant celui d'Ozzy (Black Sabbath) avant un final mélodique et progressif rappelant les premiers Genesis... l'un des deux morceaux excédant les dix minutes symboliques, avec le monstrueux "Last Baron" qui clôt l'album. Ajoutez aux influences précitées (ainsi qu'Iron Maiden et les Melvins) un mellotron, un farfisa, une pincée d'effets sonores saupoudrés ici ou là mais aussi, plus surprenant, un banjo, un vocoder ou des choeurs à la Queens Of The Stone Age et vous aurez une petite idée de la richesse de cet album savoureux de bout en bout.
Homo sapiens, préparez vous à festoyer.

myspace et site du groupe
site multimedia de l'album
autre chronique et écoute de l'album

Mastodon, cité à l'Assemblée Nationale par PatrickRoy (le député, pas le présentateur TV): partie 1, partie 2

samedi 2 mai 2009

Kylesa - Static Tensions (2009)


















Originaire de Savannah (Géorgie, USA), tout comme Baroness, Kylesa partage avec ces derniers un certain amour des musiques heavy, psychédéliques et progressives. Notons également que c'est John Baizley, chanteur de Baroness, qui signe le superbe artwork de ce quatrième album. Voilà pour les similitudes.
Dès les premières secondes du redoutable "Scapegoat", la musique de Kylesa affirme une rage qui les distingue de ses compatriotes. Deux batteries, clairement latéralisées dans le mix, lancent l'album sur les chapeaux de roue avant que des guitares tranchantes et touffues ne boostent le tout, entre crust et stoner avec une énergie toute punk. Le chant, au bord de la rupture, est lui aussi punk, rappelant presque celui d'un Jaz Coleman (Killing joke) éructant comme si sa vie en dépendait.
Aidé par la production remarquable de son chanteur Philip Cope, le combo aligne dix compositions riches et progressives (dépassant pourtant rarement les cinq minutes) avec un sens de la dynamique jamais pris en faute, alternant charges punk-hardcore, lourdeur stoner-doom et passages plus atmosphériques sur lesquels le chant de Laura Pleasants, lancinant ou mélodique fait merveille. Les guitares, quand elles ne s'écrasent pas en secousses telluriques, tissent de véritables canevas sonores sur lesquels elles brodent des mélodies opiacées ("Unknown awareness"), parfois orientalisantes ("Running red" dont l'ambiance évoque un vieux Floyd, "To walk alone"), aidées en cela par de nombreux effets, des percussions, ici des samples, là un piano, ou encore ces deux batteries dont l'intérêt apparaît plus nettement que sur le précédent opus ("Said and done" où elles entrent en duel).
Excellente surprise que cet album... tout sauf statique.

myspace Kylesa

quelques vidéos et morceaux à télécharger sur le site Kylesa

Si vous avez aimé cet album, essayez aussi:
.Baroness - The Red Album (voir chronique sur ce blog)
.Taint - The Ruin of Nova Roma
.Mastodon (le dernier... chronique à venir)

lundi 27 avril 2009

Zombi - Spirit Animal (2009)


















Zombi, duo basé à Pittsburgh (USA) doit en partie son nom à sa patrie d'origine, qui servit de lieu de tournage à plusieurs films de George A. Romero, dont le célèbre "Dawn of the Dead", également appelé...Zombi. Etonnant, non? Exit, M. Cyclopède.
Bien qu'affublés d'un pareil patronyme et signés sur Relapse (label metal-hardcore), Steve Moore (guitares, basse, synthés) et A.E.Paterra (batterie, synthés) naviguent à des années-lumières de leurs confrères de label. Ce "Spirit Animal" vous entraîne ainsi dès les premières notes dans une odyssée cosmique à bord du Faucon Millenium (ou du Grand Condor, le son de synthé rappelant étrangement le générique d'un dessin animé bien connu).
Les synthés échappés des années 70 et early-80's, tour à tour grandiloquents, hypnotiques, spaciaux ou inquiétants, évoquent tant les compositions de John Carpenter pour ses films ou de Goblin pour ceux de Dario Argento que Tangerine Dream dans leurs développement en nappes progressives. Portés par une section rythmique fine et dynamique, ils règnent en maîtres sur cinq compositions à tiroirs s'étirant entre 6 et 18 minutes.
Moins froide que sur les précédents opus, la musique se pare ça et là de flûtes, mellotron, guitares acoustique ou électrique, rappelant le Genesis de "Selling England by the Pond" (1973) ou Emerson, Lake and Palmer.
Après deux premiers mouvements en apesanteur ("Spirit" et "Powers"), le vaisseau semble traverser un vortex avant d'atterrir sur une planète inconnue, à l'atmosphère menaçante ("Through Time"). Son de basse énorme, percussions martiales et synthés rampants créent une tension constante, un sentiment d'oppression, troublé par des grondements telluriques. On s'attendrait presque à voir charger l'éléphant fantômatique de la pochette. La batterie s'abat parfois comme la foudre, et se conjugue à la basse en maëlstrom destructeur, ne laissant après son passage que poussières synthétiques balayées par le vent.

myspace Zombi

album en écoute intégrale

si vous avez aimé, essayez aussi:
Goblin, John Carpenter, Tangerine Dream

mardi 21 avril 2009

L'enfance Rouge - Trapani - Halq Al Waady (2008)


















"Je crois que l'utopie est l'élément essentiel de notre intelligence".
Cette citation issue de l'inaugural "Otranto" sera d'abord l'occasion de rappeler la polysémie du terme "utopie"; s'il renvoie dans son acception la plus courante à l'idée d'un monde idéal et juste, il signifie aussi étymologiquement "qui n'est en aucun lieu"... tout comme les trois musiciens français ou italiens qui forment L'Enfance Rouge, souvent sur la route (1800 concerts depuis 1995) et ne passant jamais plus de 4 ans au même endroit.
La musique se nourrit de leurs voyages et rencontres, chaque titre d'album faisant office de carte postale fixant les souvenirs; Trapani est le dernier port de la côte sicilienne, Halq al Waady celui de Tunis. Ce nouvel album nous emmène ainsi de l'autre côté de la méditerrannée, à la rencontre -entre autres- de Mohammed Abid, maître de l'oud (Orchestre de la Rachîdia, Institut Supérieur de Musique de Tunis) ayant grandement contribué aux arrangements de ce petit bijou.
Les compositions conjuguent avec une cohérence parfaite deux univers, deux continents, deux visions à la fois différentes et complémentaires de la musique. La tension, le "chaosss" et l'incandescence du noise-rock (évoquant le "Scrabbling at the Lock" de The Ex et Tom Cora, ou les lyonnais de Bästard) rencontrent la chaleur, les sonorités et les arabesques mélodiques de la musique maghrébine. Le chant, tour à tour masculin et féminin, déclame en français des textes poétiques et crus, abstraits ou sensuels, où perce un humanisme sincère.
Un album sans frontière, engagé, impliqué, utopique et intelligent, où tout sonne juste et vrai, à écouter sans escale.

site Virb de L'Enfance Rouge
biographie

vendredi 17 avril 2009

Easy Star All-Stars - Discographie


















Comme son nom le laisse deviner, Easy Star All-Stars est un collectif reggae-dub réuni par les co-fondateurs du label new-yorkais Easy Star: Michael Goldwasser, Eric Smith and Lem Oppenheimer. Si c'est ce dernier qui eut l'idée de monter le groupe pour reprendre le "Dark Side of the Moon" (1973) de Pink Floyd dont il était fan, c'est principalement le multi-instrumentiste Goldwasser qui fut en charge des arrangements.
Après s'être adjoint le soutien de solides musiciens (en vue de sortir du studio) et invité quelques pointures de la scène locale, le All-Stars band sort pour le trentième anniversaire du "Dark Side" son "Dub Side of the Moon", premier album et réussite absolue. L'album d'origine se prête d'ailleurs fort bien à l'exercice, partageant avec le dub une volonté de défricher des paysages sonores inédits.
Auréolé de ce succès, le collectif s'attaque en 2006 à un autre disque majeur en reprenant "OK Computer" de Radiohead, le rebaptisant avec humour "Radiodread". En dépit de bons moments, l'album s'avère moins réussi que le précédent. Saluons toutefois l'audace du groupe car le challenge était pour le moins corsé, la sensibilité à fleur de peau du groupe d'Oxford semblant difficilement transposable à la générosité rayonnante du reggae.
Sorti l'année dernière, le moins remarqué EP "Until that day" rappelle que le groupe n'est pas qu'un "cover-band" et compose aussi ses propres morceaux depuis bien plus longtemps qu'il ne reprend ceux des autres.
Mais voilà qu'aujourd'hui (bon, ok, la semaine dernière pour être exact) sort "Easy Stars Lonely Heart Dub Band", où les new-yorkais s'attaquent au "Sergent Pepper's (...)" des Beatles. Coloré et varié, l'album est une nouvelle réussite qui, même si elle ne détrône pas "Dub Side" s'écoute avec un réel plaisir... et le sourire. C'est le printemps !!!

Discographie:
.Dub Side Of The Moon (2003) ---> écouter des extraits
.Radiodread (2006) ---> écouter des extraits
.Until That Day (EP - 2008) ---> écouter des extraits
.Easy Star Lonely Hearts Dub Band (2009) ---> écouter des extraits

écouter des morceaux complets sur le myspace Easy Star
site du label Easy Star
clip "Money"

mercredi 15 avril 2009

Electric Electric - Sad Cities Handclappers (2008)

















Duo guitare-batterie (devenu depuis trio avec l'arrivée d'un clavier), Electric Electric est pour moi LE groupe français de l'année 2008.
Bien qu'influencée par le rock-noise du Chicago des années 90, et plus particulièrement les groupes de Steve Albini (Big Black, Shellac) dont elle tire sa sècheresse rythmique, la musique des strasbourgeois se rapproche davantage du math-rock de Battles, avec une maîtrise du beat afro à renvoyer les (pourtant excellents) Foals et leur album "Antidotes" à leur copie.
Les boucles de guitare se juxtaposent et saturent le cerveau tandis que la batterie s'adresse au corps, en une musique surtendue, épileptique et frénétique menant à la transe... et à la danse.
A découvrir AB-SO-LU-MENT ICI (en écoute intégrale)

site Electric Electric

1980 - s/t (2007)
















Quatuor avignonnais, 1980 conjugue avec brio la rigueur et la versatilité rythmique du math-metal avec la complexité, le groove et les progressions mélodiques du jazz-fusion.
Ce premier album oscille entre les deux univers, renvoyant tant à Meshuggah et Cynic (dont le groupe fit la première partie) qu'à Weather Report, au Mahavishnu Orchestra ou -pour citer des contemporains- Mats and Morgan (jeunes prodiges du jazz révélés par Zappa) avec un feeling, une technicité et une fluidité parfaite.
Colorée et chaleureuse,tout comme la pochette de l'album, cette autoprod fait montre d'une grande maturité musicale.
Trois petits morceaux seulement sur leur myspace, mais qui devraient vous donner envie d'en entendre davantage.

Tant de nouveautés, mais si peu de temps...

Amis lecteurs, bonsoir...
Après quelques semaines de disette musicale, votre humble serviteur a subi (avec bonheur) un déferlement de nouveautés.
Ayant trop peu de temps pour aborder en détail chacune de celles-ci, je me livrerai donc, une fois n'est pas coutume, à des chroniques express, pour vous faire découvrir un maximum de petites pépites. Les liens officiels ou pratiques seront comme toujours indiqués en bas des posts. J'espère que vous y trouverez les infos qui combleront de fort probables lacunes.
Bonne chasse aux trésors.

Cloudkicker - The Discovery (2008) + The Map Is Not The Territory (2009)


Cloudkicker est l'oeuvre d'une seule personne: Ben Sharp, originaire de L.A. et baujourd'hui basé à Columbus (Ohio).
Sur l'album et le EP, c'est lui qui assure guitare-basse-batterie-samples-et-tout-le-reste, artwork y compris.
Quid de la musique? Un math-metal instrumental entre Meshuggah (la complexité rythmique) et les ambiances et circonvolutions de Devin Townsend -période "Ocean Machine"- : les riffs se meuvent en vagues rythmiques dans lesquelles la mélodie se reflète et vacille, aidée en cela par des violonings hypnotiques.
A noter, l'album et le Ep sont en téléchargement gratuits.
Je me permettrai de citer l'artiste en conclusion: "this album was recorded for a grand total of $0, and is therefore being distributed for free. if you paid money for this you're a sucker."
A découvrir absolument (20.000 personnes l'ont déjà fait).
Puisqu'on vous dit que c'est en téléchargement légal et gratuit (et au format qui vous sied) !!!

myspace Cloudkicker

Caverns - Kittens! (2008)
















Basé à Washington, Caverns délivre une musique hybride aux croisées du math-rock et du metal progressif, à laquelle la composition peu courante du groupe n'est sans doute pas étrangère; une guitare, une batterie, pas de chant mais un piano qui confère au trio sa personnalité unique.
Après une courte plage de feedback, "Spreading like a virus" ouvre les hostilités en un déferlement de riffs de guitare touffue boosté par un piano tourbillonant avant de partir en dissonances. Plus calme et aéré, le morceau suivant fait la part belle à la mélodie naissant des touches blanches et noires.
Ce trop court EP oscillera ensuite de la même manière entre moments de chaos et d'accalmie, tantôt bancal et tumultueux ("Dance you son of a bitch", où piano syncopé et guitare dissonante se répondent avant de s'unir avec autant de fracas qu'une tempête en pleine mer), parfois jazzy ("Stop being paranoid"), avant une dernière charge mélodique dopée à la testostérone (le bien nommé "Remasculator") uppercut qui vous laissera k.o., mais la tête sur l'oreiller ("Pillow Talk").
Des titres évocateurs pour une musique évocatrice...

myspace Caverns

lundi 2 mars 2009

Billet d'humeur electro
(bonne et mauvaise, l'humeur...)

Le voici donc enfin, le nouveau Prodigy. Nombre d'amateurs de métissages electro- hip-hop -rock l' attendaient, y compris votre serviteur, un peu déçu du précédent. Alors, quoi de neuf? Rien que du vieux. Certes, il est toujours plaisant de retrouver un vieux copain, et d'évoquer le bon vieux temps; moins lorsque le copain est en plein syndrome de Peter Pan et fait sa crise d'adolescence à l'âge de la maturité. La métaphore vaut ce qu'elle vaut, mais je crois que je ne prendrai pas de nouvelles à l'avenir...
Le premier de la classe, autoproclamé "prodige", se regarde le nombril et sombre dans l'autocomplaisance, mêlant dance, voix pitchées et sons cheap du premier album, beats et guitares plombés des deux suivants (qui firent le succès commercial et artistique du groupe), et un peu de hip-hop du dernier en date, pour un album roublard qui sent la facilité et ennuie très rapidement.
Verdict sans appel, poubelle. Fin du coup de sang.

Le but de ce blog n'étant pas de descendre les disques mais de partager ce qui me fait vibrer positivement, changeons nous les idées.


Amateurs d'electro efficace, ruez vous sur l'album de Motor, sorti en 2006. Le duo composé du français Mr.No et du New-Yorkais Bryan Black délivre sur ce "Klunk" une electro maousse costaud riche en sons acides gravement trippants et beats qui font mal pour résultat hyper-efficace et hautement addictif. Jetez une oreille à l'introductif "Black Powder" et osez me dire le contraire.
myspace Motor

Plus récent "Sweet Limbo", second album des français de Jabberwock est lui aussi une véritable tuerie, electro-rock cette fois, auquel la chanteuse Lena confère une incroyable versatilité. Son chant tour à tour véhément, ingénu, sensuel, mélodique, rageur, porte des textes dévoilant l'air de rien une vision ironique de notre époque.
L'album s'ouvre sur des morceaux electroclash ("Fake", "Faster") à faire rougir Peaches, avant de traverser des paysages plus sombres: post-punk, cold-wave ou même gothique (le chant sur "Faith", "Repeat"), voir indus, dans les ambiances ("Safe") ou le rythme ("Ignorants") après un éthéré "Illusions". Et en cadeau bonus, une reprise plutôt agressive de Chic ("Le Freak") à décoiffer les fans de funk et disco, ainsi qu'un "Chicken" plutôt surprenant. Coup de coeur.
myspace et site de Jabberwock

Avec tout ça, j'ai failli oublier d'aborder quelques autres faces de la fusion electro-rock. Je ferai d'abord honneur à d'autres compatriotes, Blackstrobe.

Ancien Zend Avesta, producteur et remixeur renommé (pour Depeche Mode ou Rammstein entre autres), Arnaud Rebotini s'entoure d'un véritable groupe et immole ses icônes avec ce bien nommé premier album "Burn your own Church" (2007). De ces cendres naît Blackstrobe, fusion idéale de riffs et émotions rock (qui filtrent bien au-delà de "I'm a man", reprise de Bo Diddley) et de sons et grooves electro ("Buzz buzz buzz"), flirtant aussi avec le post-punk ou l'indie ("Last club on Earth"), sans toutefois renier sa sensibilité ("Girl Next Door", "Lady 13"). Une réussite.
site et myspace Blackstrobe

N.B.: Rebotini a depuis sorti un album electro "tout analogique" assez sympathique, quoique moins à mon goût, à découvrir ici ou .

Les anglais de 65 Days of Static pratiquent depuis leur premier album ("The Fall of Math", 2004) une musique hybridant rythmes électroniques (con)cassés évoquant Aphex Twin ou Autechre, plages ambiantes intimistes à la Radiohead et crescendos extatiques typiquements post-rock.

site et myspace 65 Days of Static

Enfin, pour conclure sur une note plus légère et dépaysante, n'hésitez pas à essayer la compilation "Death Before Distemper vol.2: revenge of the iron ferret" (sortie sur le label DC) pour laquelle les références me manquent...

site du label DC
écouter sur Deezer

Rendez-vous en terre inconnue :)

jeudi 26 février 2009

Compilation - Like Black Holes In The Sky (tribute to Syd Barrett) (2008)


















Syd Barrett était l'un des membres fondateurs de Pink Floyd et une figure majeure du rock psychédélique. Principal compositeur du premier album des dinosaures anglais, il fut toutefois rapidement évincé du groupe au profit de David Gilmour, initialement recruté pour jouer ses compositions, et qui prendra la relève de Roger Waters à la barre du navire jusqu'au naufrage amorcé dans les années 80. La raison de cette éviction? Un penchant prononcé pour les substances psychédéliques alors en plein essor, accentuant son instabilité (à en croire certains, Syd aurait refuser de jouer sur scène, persuadé que sa guitare pouvait le faire seule...) incompatible avec le succès grandissant de la formation. Nul doute que le Floyd n'en serait pas arrivé là sans lui, et ne le souhaitait peut-être d'ailleurs pas, si l'on en croit le titre de l'album qui lui est dédié: "Wish you were here" (1975).
Barrett composa deux albums,"The Madcap Laugh"(1970) et "Barrett" (1971) et d'autres enregistrements parus plus tard sous le titre "Opel". A partir de 1974, il affirme son autre ancienne passion et quitte la musique pour la peinture jusqu'à son décès le 7 juillet 2006, de complications liées au... diabète.
Sur cette compilation, "Like Black Holes in the Sky", treize groupes de la scène stoner, doom, metal progressif lui rendent hommage en reprenant des morceaux du Floyd première époque (2/3) comme de son répertoire personnel, avec plus ou moins de réussite, option "plus".
Comme souvent dans ce genre d'exercice, on trouvera des reprises un peu timorées ou d'une fidélité telle qu'on en vient à douter de leur utilité (Stinking Lizaveta...) mais aussi quelques surprises comme l'étonnante reprise de "Arnold Layne" par Intronaut à cent lieues de son registre habituel, ici plus proche de Failure que de Mastodon. Kosmos s'en sort également avec les honneurs sur "Vegetable Man", de même que Kylesa avec sa version musclée de "Interstellar Overdrive", ou Giant Squid sur "Octopus", qui débute comme un morceau grunge avec un chant à la Jello Biafra avant de prendre une tournure psychédélique. Je ne vais pas tous les énumérer...
Enfin, il y a ceux qui s'approprient les morceaux et leur donnent un relief nouveau, comme Unearthly Trance ("Long Gone") et surtout Yakuza et Jesu, qui transcendent respectivement "Lucifer Sam" en charge grindcore boostée au sax, et "Chapter 24" en electro-ambient entre ombre et lumière.
Hommage respectueux et sincère à génie ou un fou, aux confins de plusieurs univers qui me sont chers, sûr que ce disque a sa place en ces pages.

Et pour ne rien gâter, vous pouvez le découvrir en écoute intégrale sur le myspace du projet.
Pour en savoir plus , le site Syd Barrett.

samedi 7 février 2009

EPHEL DUATH - The Painter's Palette (2003)


















Puisant son nom dans l'oeuvre de Tolkien, Ephel Duath (montagnes entourant le Mordor) était à l'origine un groupe de metal extrême italien, hâtivement catalogué "black" en dépit d'une ouverture évidente à d'autres genres.
Seul rescapé de la formation d'origine, le guitariste et principal compositeur Davide Tiso affirme ses ambitions d'expérimentations en s'entourant d'un line-up hétéroclite. Il est ainsi rejoint par le batteur Davide Piovesan, 47 ans, venu du jazz et du blues , Fabio Fecchio bassiste funk-fusion, un chanteur lyrique et émotionnel (Davide Tolomei) et un hurleur (Luciano George Lorusso, venu du hardcore).
Chacun apporte sa sensibilité à ce concept-album, palette dont chaque titre est celui d'une nuance de couleur, pour créer un tableau sonore impressionniste en perpétuel mouvement.
Enrichies de cuivres (sax, trompette) comme chez Yakuza et de sonorités electro, les compositions alambiquées alternent secousses hardcore, passages jazz tout en finesse ("Praha"), crescendos progressifs et atmosphériques, et crises d'épilepsie jungle ("The Passage") ou metal ("Ruins") avec une technicité sans faille et un sérieux grain de folie... ou de génie, car il en fallait pour tirer d'une formation aussi improbable un joyau de la sorte.
Extrême...ment recommandé.

myspace Ephel Duath

vendredi 6 février 2009

Extra Life - Secular Works (2008)


















Voici un peu plus de deux mois que j'ai découvert cet album, et je dois avouer qu'il a autant tourné dans ma platine que ma plume dans l'encrier avant d'entamer ces lignes... Pourtant la claque a été immédiate, dès le premier morceau qui vint égayer une journée de découvertes musicales plutôt fades.
"Blackmail Blues" ouvre en effet l'album par un morceau math-rock définitif, dont la rythmique hypnotique glisse doucement vers la structure d'un raga indien sur la seconde partie où batterie et voix psalmodient à l'unisson leurs (doubles?) croches enivrantes alors que la basse, claquante, vous flagelle.
Pourtant déjà, le groupe affirme une personnalité et une sensibilité radicalement différentes d'un math-rock classique que les morceaux suivants laisseront s'exprimer hors de tout carcan. L'apport du violon et du sax ténor enrichissent la dynamique, proche de celle des hongrois de Masfel, mais c'est surtout le chant de Charlie Looker qui confère à la musique du quintet new-yorkais son caractère unique.
Souple et vibrante, tour à tour fervente et fragile, austère ou emphatique, elle mêle au sacré une élégance (maniérisme, diront les mauvaises langues) typique de l'indie anglais des années 80.
La musique est elle aussi versatile, alternant épure et chaos, concassages rythmiques, ambiances recueillies ("I'll burn") ou plus légères ("The Refrain", petite ritournelle folk aux accents médiévaux). Les instruments se relaient, parfois imperceptiblement, pour tisser tensions et libérations, et transcender l'ombre en lumière ("This Time" et son final épique).
"Secular Works", ou l'art de ramener une inspiration venant d'ailleurs au coeur de son époque...
ne vous faites pas prier pour essayer.

myspace Extra Life

mercredi 28 janvier 2009

Spirit - Twelve Dreams of Dr. Sardonicus (1971)


















"Twelve Dreams of Dr. Sardonicus" était à l'époque l'un des disques de chevet de Jimmy Page (Led Zeppelin), sans doute parmi d'autres albums de Spirit (le morceau "Taurus", tiré de "Spirit" (1968) semble d'ailleurs avoir - consciemment ou non - inspiré les arpèges de "Stairway to Heaven" de vous-savez-qui).
Formé en 1967 par des musiciens émérites, Spirit rassemble Jay Ferguson (chant), John Locke (clavier, et non philosophe), Mark Andes (basse) et surtout Ed Cassidy (batteur, entre autres, des jazzmen Thelonious Monk et Gerry Mulligan) et Randy California, fils de sa compagne.
Né Randolphe Wolfe, le précoce guitariste californien se vit offrir son patronyme lorsqu'il rejoignit brièvement à quinze ans Jimmy James and the Blue Flames (groupe d'un certain Jimi Hendrix avant the Experience - que Randy ne put d'ailleurs accompagner en Angleterre car ses parents refusèrent - dans lequel officiait déjà un certain Randy..."Texas"). Ouf, voilà pour l'histoire. La musique, maintenant.
Loin de la flamboyance hendrixienne, la musique de Spirit, aux croisées du rock, de la pop et de la folk trouve le parfait équilibre entre influences anglaises (Beatles, Kinks, Led Zep, early Floyd...) et West Coast américaine (Beach Boys, Love...), conjuguant mélodies légères, arpèges fragiles et riffs efficaces sans jamais être démonstratifs dans des compositions variées d'une grande justesse émotionnelle. Douze morceaux sans faiblesse (donc je n'en citerai aucun), douze rêves, auxquels le "Dr. Sardonicus" (surnom de la table de mixage) confère parfois des vertus psychédéliques.
Ce quatrième album marqua l'apogée du groupe, juste avant qu'une chute de cheval de Randy California ne mette sa carrière entre parenthèses. Une fois rétabli, le guitariste fut un temps intérimaire pour Deep Purple sur la tournée nord-américaine de 1972, avant de relancer Spirit avec son beau-père sans jamais réunir cependant la formation d'origine, et entamma en parallèle une carrière solo dans les années 1980.
Il mourut à 45 ans le 2 janvier 1997, en tentant de sauver son fils agé de 12 ans de la noyade , dans l'océan au large de Molokai près de sa maison à Hawaii. Trois mois avant Jeff Buckley.
Sale année pour les étoiles filantes du rock...
Heureusement la musique rest(e)... in peace.

Site Spirit + discographie
écouter l'album sur Deezer