vendredi 21 novembre 2008

ASVA - What you don't know is frontier (2008)

Originaire de Californie, Asva, est un collectif protéiforme réunissant autour de Stuart Dahlquist (ex-Sunn o))), Goatsnake ...) quelques éminences de la scène doom-drone locale, issues de formations comme Earth ou Burning Witch, de même que Trey Spruance (guitariste de Mr Bungle, Fantomas). Au vu du background des musiciens, on peut de prime abord imaginer une musique lente et répétitive, atmosphérique et puissante. Tout juste.
Dès les premières notes, très espacées, ce second album vous aspire dans ses profondeurs abyssales. Le rythme évoque la marche d'un mammouth à demi assoupi, chaque pas provoquant une secousse sismique qui résonne longtemps dans un espace que l'on imagine lui aussi immense. L'impression de puissance qui se dégage est énorme, élémentale, au point de vous faire sentir petit comme au pied de monuments naturels... ou d'une cathédrale, impression sans doute liée à ces nappes d'orgue solennelles qui emplissent le spectre sonore d'une aura diffuse. La lenteur de cette musique pousse à la patience, à la contemplation, à l'errance. Le format de l'album l'impose, d'ailleurs, avec quatre titres allant de 13 à 24 minutes pour un total de 70.
"What you don't know is frontier" révèle ainsi ce face à face avec des contrées inconnues et la tension qui l'accompagne. Une tension quasi constante, au pays d'Asva le ciel est "bas et lourd". La guitare annonce l'orage, se déchirant après l'impact dans la fuzz et la wha. Logiquement intitulé "Christopher Columbus", le second morceau marque l'affrontement avec les terres inconnues, ou les mers inconnues, devrais-je dire, car les grondements de percussions et la tension du morceau évoquent davantage un combat avec un océan déchaîné, à bord d'un navire qui tangue et qui craque. Avec "A game in hell, hard work in heaven", on semble enfin accoster. Une voix féminine aux accents orientaux vient mettre un terme à une impression de solitude jusque là prégnante, avant de s'évanouir, retour face à l'inconnu, au désert. L'air se fait lourd avant une brève crise de tachycardie, qui commence comme un cauchemar et s'achève en révélation. La voix revient, s'envole en choeurs célestes, inonde et éblouit et vous laisse un étrange sentiment de plénitude. La dernière plage amorce la "descente", un manque se crée physiquement, donnant l'impression de chuter dans un gouffre sans fond. Perçant des brumes fantomatiques, une basse et une batterie plombées résonnent en vous et autour de vous. L'ambiance se fait sombre et menaçante, annonciatrice d'un tonnerre drone, avant de basculer dans la seconde moitié du morceau où les nappes sonores se libèrent et s'élèvent en apesanteur tandis que la tension s'efface dans la lumière de l'orgue.
Un album dense et ample qui bouleverse le rapport à l'espace et au temps, n'hésitez pas à repousser vos frontières...
myspace Asva

Refused - The Shape Of Punk To Come (1998)


Album concept et testament des suédois de Refused, "The shape of punk to come" est à la fois la pierre d'angle du hardcore moderne, et un pavé lancé à la gueule du conformisme ambiant à une époque où le punk et le metal devenaient mainstream (le groupe était signé chez Burning Heart, pendant nordique d'Epitaph ou Fat Wreck rds.). Ben oui, à part le punk (pardon, disons hardcore mélodique) et le néo, les pauvres ados privés de leur cher Kurt aux cheveux gras n'avaient plus guère de rage (against the machine?) faisant écho à la leur. Manque d'information sans doute...
Bref, dans ce contexte "désenchanté" (il nous restait Mylène, hem), Refused, figure montante du hardcore européen, lâchait cet album incontournable. Sous-titré "a chimerical bombination in 12 bursts", il renferme douze bombes; grenades ou bombes à fragmentations, en vrac. Des cocktails molotov soigneusement bricolés à la main, artisanalement, qui mirent le feu aux poudres. Ce disque est un véritable brûlot, un manifeste, tant idéologique que musical. "La forme du punk à venir", c'est que justement il n'y en a pas. Le punk vu comme un état d'esprit qui consiste à reconquérir sans cesse sa liberté, quelque soit le contexte. La liberté? Dans la forme. Punk? Dans l'attitude.
Refused mêle hardcore, punk, metal, musette, electro, noise, jazz, kraut, dans des compositions multifacettes, dynamiques, inspirées et follement libres, du plus immédiat "New Noise" (entrez dans le mosh-pit) au très intimiste "The Apollo Programme Was A Hoax", le tout avec une classe folle. Ecoute après écoute, chaque morceau laisse apparaître ses reliefs, ses éclats (d'obus bien sûr...), composant au final une véritable oeuvre d'art, au sens le plus noble du terme. Art-Core? Peu importe.
La révolution a commencé.
myspace Refused
site Refused

Baroness - The red album (2007)

Derrière un magnifique artwork très "art nouveau" réalisé par le chanteur John Dyer Baizley, Baroness livre un album tout à fait dans l'air du temps, mêlant (tout à fait subjectivement) le meilleur de 40 ans de musiques heavy.
Pas très éloigné de Mastodon dans ses ambitions progressives, Baroness substitue toutefois aux influences eighties de ces derniers une inspiration héritée de la décennie précédente, abreuvant leur metal stoner d'une chaleur typiquement seventies, qui se ressent dans le chant puissant et souvent clair et les instruments, mis en valeur par une production limpide.
Dynamique et entêtante, la musique de Baroness se déroule de manière quasi-reptilienne, en souplesse, laissant ses mues le long du chemin, mélodique, hypnotique, psychédélique et ascenscionnelle, puissante et racée, évoquant tour à tour Pelican, Motörhead, Mastodon (bis), Pink Floyd (ces guitares comme des chants de baleines sur l'intro de "Wailing Wintry Wind") ou même Led Zeppelin au court d'un trop fugace intermède acoustique ("Cockroach en Fleur").
Un album mouvant... et captivant.
myspace Baroness

jeudi 20 novembre 2008

PELICAN - City of echoes (2007)




















Troisième album du quatuor de Chicago, et nouveau changement d'orientation.
Après un premier album rugueux et tellurique aux sonorités stoner-sludge ("Australasia"), un second plus post-core, post-metal, dans le sillon du précurseur "Oceanic" d' Isis (dont ils sont les protégés), le groupe semble tendre à davantage de concision, tout en conservant une puissance moins frontale cette fois.
Les morceaux sont ici plus courts que sur les deux précédents opus, évoquant la démarche de Mogwai sur son récent "Mr. Beast": plus court mais tout aussi efficace et puissant. Fusionnant arpèges post-rock, mélodies indie et riffs lourds et majestueux, servis par une production plus précise et éthérée que par le passé.
A l'image de l'oiseau qui donne son nom au groupe, cette musique navigue entre les éléments: eau, terre, air...
Le Pelican a soigné son plumage, il peut maintenant s'envoler vers d'autres contrées.
myspace Pelican
Site Hydra Head
album en écoute intégrale et gratuite

lundi 17 novembre 2008

Converge - Jane Doe (2001)

















Cinquième album des bostoniens de Converge, Jane Doe est le nom donné aux Etats-Unis aux défuntes non identifiées. Et force est de reconnaître que ce disque risque de faire pas mal de victimes, désintégrant les tympans comme ladite Jane sur la superbe pochette (signée Jacob Bannon, chanteur du groupe). "Concubine" ouvre le bal par une salve grindcore épileptique d'à peine une minute trente qui vous met direct sur le carreau. "Fault and fracture", enfonce le clou, avant que le tempo ne ralentisse et vous laisse respirer... que nenni, les guitares restent dissonantes et la tension présente, soudain libérée dans le hardcore plus old school d' "Homewrecker". Les titres se suivent et ne se ressemblent pas.
Sombres, malsains, intenses, profonds, hypnotiques, viscéraux, conjuguant chant de dément, dissonances et cassures rythmiques, ils dégagent néanmoins une émotion authentique, celle d'un Amok fou de douleur qui détruirait dans sa course tout ce qui se trouve sur sa route... avant de trouver le répit sur le morceau éponyme, "Jane Doe", plage de plus de 11 minutes flirtant avec le post-core, obsédante et libératrice à la fois.
Eprouvant et jouissif.
myspace Converge
site Converge
écouter Converge sur Deezer

jeudi 6 novembre 2008

Snot - Get Some (1997)

Snot. Vif et teigneux, joueur aussi, à l'image de sa pochette, portrait de la mascotte du groupe, le chien du chanteur Lynn Strait. Groupe éclair constitué de "morveux" californiens, contemporains de Sugar Ray et partageant avec eux le producteur T-Ray (ex-House Of Pain) et les centres d'intérêt (sexe, drogues, rock, hip-hop, surf...géographie oblige). Un côté p'tit con aussi, dès l'intro: "say something to the record, tell the people what you feel" auquel une voix répond "fuck the record, and fuck the people", ou dans le morceau "Mr.Brett" qui se moque moque ouvertement de Brett Gurewitz, guitariste de Bad Religion et fondateur du label Epitaph (Offspring, NoFX,...). Les ressemblances s'arrêtent là.
Le hardcore de Snot, c'est un coup de poing dans la gueule, mais mis avec le sourire. Une brutalité punk, avec une vitalité funk. Une basse ronde et tendue, une batterie qui claque, des guitares en équilibre, une guitare funky, vivace et dynamique, une autre incisive et lourde, hardcore. Une musique groovy et puissante, aussi efficace sur les mid-tempos ("The Box") que sur des rythmes plus enlevés ("Deadfall", qui démarre sur les chapeaux de roues et dérape sur un break country crétin pour finir dans le mur), prenant parfois le temps de se prélasser dans des ambiances funky moites et langoureuses ("Get some keez").
Les compos sont de parfaits écrins pour le chant de Strait, qui alterne scansions hip-hop, gueulantes et refrains hardcores fédérateurs (j'ai une de ces envies de pogoter, moi...) pour mieux vous envoûter ensuite avec une voix soul au velours abîmé comme celui d'un billard de bistrot. Snot sent la clope, la bière, les coins sombres et pas toujours propres, mais dégage une p**tain d'énergie, comme une étoile qui s'éteint.
Lynn Strait mourut d'ailleurs quelques mois après la sortie de ce disque, seul véritable album de Snot, le second voyant nombre de leaders de la scène (neo-) metal tenter de combler le vide de sa disparition (les chanteurs de Korn, Deftones, System Of A Down, Sepultura/Soulfly...).
En vain.
myspace Snot (il semblerait qu'il y ait un nouveau chanteur).
A suivre...???

Yakuza - Samsara (2006)


















Quatre ans après le précédent opus, Yakuza revient avec ce "Samsara". Ceux qui connaissent le groupe ne se seront pas fiés à la pochette, évoquant celle de compilations de lounge music très répandues, et savent qu'il s'agit de jazz-core destructuré et violent.
Pourtant, dès les premières notes, ce nouvel album sonne différemment de son prédécesseur. La production est plus précise, plus spaciale aussi, conférant aux percussions introduisant "Cancer industry" un claquant immédiat. Impression confirmée par les guitares, plus lourdes et tranchantes que par le passé, appuyées de growls hardcore rappelant ceux de Phil Anselmo (Pantera). La puissance de ce Yakuza est plus frontale, la rythmique moins raffinée que par le passé. On notera en parallèle une affirmation du chant clair sur certains morceaux ("20 Bucks").
Hormis ces évolutions, on navigue en terrain familier, entre fulgurances grind ("Dishonor") ou hardcore ("Just say know") et passages plus ambient ou complètement psychédéliques ("Monkey Tail", ou l'interlude "Transmission ends...signal loss") évoquant parfois Jane's Addiction dans ses développements ("Exterminator").
Un disque énorme, riche et puissant, qui devrait vous donner envie de découvrir le reste de la discographie de ce groupe singulièrement trippant.
myspace Yakuza
label Yakuza

Yakuza - Way of the dead (2002)













Imaginez une rencontre musicale entre le free-jazz du Painkiller de John Zorn et le hardcore chaotique de Dillinger Escape Plan, et vous ne serez pas très loin du rendu de ce second album des chicagoans de Yakuza.
Après une intro brumeuse au parfum d'encens percé par le chant guttural de moines orientaux, la musique s'emballe en un metal-core épileptique. Une guitare crunchy enchaîne riffs plombés et dissonants, épaulée par une section rythmique à la souplesse jazz également capable d'accélérations typiquement grind, ou spasmodiques ("Miami Device" évoque un System of a Down débarassé de sa théâtralité).
Sur cette structure à la fois souple et nerveuse, Bruce Lamont pose tour à tour chant clair, growls hardcore, ou saxophone, instrument majeur de la musique de Yakuza. Successivement rythmique, mélodique, orientalisant, aérien, posé ou strident, son souffle parcourt l'album entier comme l'influx nerveux la moëlle épinière, c'est lui qui sera promu souverain tranquille de ce disque après 27 minutes de fureur et une dernière plage instrumentale de 43 minutes ("01000011110011") que je vous recommande d'écouter au moins une fois dans son intégralité.
En conclusion, un remarquable second album... Le troisième sera terrible.
A suivre...
Yakuza

Pure Reason Revolution - The Dark Third (2007)



















Précédé de quelques mois par un maxi plus que prometteur, "The Dark Third" est le premier album des anglais de Pure Reason Revolution. Dès les premières notes d'Aeropause 2 (le 1er du nom figurait sur le EP), les arpèges cristallins et une guitare en slide ascensionnel évoque le jeu typique de David Gilmour. Aucun doute possible, l'ombre de Pink Floyd plane sur ce disque, modernisée, enrichie de guitares metal touffues et puissantes, d'éléments electro savamment distillés ça et là, renforcant comme chez Office Of Strategic Influence la dynamique des morceaux.
Un violon s'y ajoute, apportant sensibilité et vivacité pour créer un prog moderne, enrichi de mélodies pop, comme chez Porcupine Tree, avec un atout supplémentaire: les choeurs, très soignés, directement hérités des Beach Boys ou de Queen. Les voix, masculine et féminine se cherchent, se trouvent, se répondent et s'unissent dans des crescendos aériens ou extatiques. Les instruments, comme les voix, trouvent leur équilibre dans des compositions aux orchestrations soignées et aux durées extensibles, alternant formats courts et morceaux à tiroirs.
Tantôt aériennes, intimistes, lyriques, touchantes ou puissantes, les chansons de ce jeune groupe sont la plus belle des invitations à découvrir les contrées progressives...
Pure Reason Revolution

Nils Petter Molvaer - Khmer (1997)



















Avec son premier album, le trompettiste norvégien Nils Petter Molvaer -comme son contemporain Erik Truffaz- contribue à la naissance d'un nouveau courant du jazz, ouvert sur les perspectives apportées par la technologie et l'intégration d'éléments électro.
La musique est d'abord contemplative, les notes s'élèvent comme une légère brise sur la steppe. Un battement évoquant celui d'un coeur, des samples cristallins s'unissent ensuite en une pulsion organique feutrée que vient percer une trompette qui s'envole, chancelante, avant de se retrouver au coeur d'un chaos d'effets crissants, qui cesse aussi vite qu'un orage d'été et rend l'éclaircie plus appréciable encore. Molvaer fait montre d'une science de la respiration qui évoque directement Miles Davis, époque "Kind of Blue".
L'album oscille ainsi entre tension et libération, tour à tour tendre et velouté, jazz intimiste et contemplatif, ou trip-hop claustrophobe dans lequel la trompette est la seule respiration. Des touches d'instruments traditionnels et percussions viennent apportent quelques couleurs aux paysages émotionnels composés par Molvaer et son créatif guitariste Eiviind Aarset.
Un album aux croisées de deux univers...
Puisse le voyage vous plaire.
Nils Petter Molvaer

GROUNDATION - We Free Again (2004)

















Que dit un rasta qui arrête de fumer?
- "mais... qu'est-ce que c'est que cette musique de m*rd* ?...".
Désolé, j'ai pas pu m'empêcher... Cette petite plaisanterie ne visait qu'à me détendre avant d'écrire, chose que je n'aurais jamais cru faire jusqu'ici, sur un disque de reggae. Force m'est de reconnaître qu'il ne s'agit en rien de mon genre de prédilection, très loin de là, mais deux choses m'y ont amené. Le morceau "Concrete Jungle" de Bob Marley, dont le feeling "rock" (appréciation personnelle) m'a immédiatement titillé l'oreille. La seconde fut ce disque. Un ami déjà nommé dans ces pages m'avait fait écouter -au milieu d'une centaine d'autres disques- leur précédent opus. Mais pour celui-ci, violente fut la claque.
La production, limpide, chaleureuse, ample transporte immédiatement en ces contrées radieuses qui donnent un tout autre sens au mot contraste. Ce son fut pour moi la meilleure des introductions; pensant affronter l'aridité du désert, je me retrouvai au milieu d'une oasis. Une profusion d'instruments; une solide assise reggae renforcée par des percussions généreuses, et dominées par le chant de prophète, plein de ferveur, d'Apple Gabriel.
Des touches d' orgue et de cuivres évoquent la chaleur du jazz, dont sont issus certains membres du groupe. Le soin apporté à la composition est remarquable également, avec parfois même des ambitions progressives comme sur "Cultural Wars", morceau de bravoure final en quatre mouvements qui, si vous ne remuiez jusque là que les orteils, vous fera vibrer des pieds à la tête pour de bon avant de vous laisser retomber épuisé dans votre fauteuil.
Fais tourner :)
Groundation

Office Of Strategic Influence - Office Of Strategic Influence (2003)















Formé de fines lames du metal progressif moderne, OSI offre une musique généreuse et ambiancée à mille lieues de ce que l'on serait en droit d'imaginer à la lecture du casting de ce "all-stars band": Mike Portnoy (batteur de Dream Theater), Kevin Moore (clavier, ex-Dream Theater, Chroma Key), Jim Matheos (guitariste de Fates Warning) et Sean Malone (ex-Cynic, Gordian Knot) délivrent sur ce premier album une musique affranchie de démonstration technique, au son très actuel, riche et spatial, qui vous absorbe dès les premières secondes pour ne plus vous lâcher.
En ouverture d'album, deux morceaux metal aux riffs tourbillonants vous propulsent immédiatement dans la dynamique des compositions, avant de glisser vers des contrées plus calmes où une guitare acoustique vient offrir aux éléments électroniques un espace où s'épanouir. Le son, ample et profond, enrichi des boucles et samples de Moore trouve un parfait équilibre entre les instruments et les effets, et sert des mélodies qui restent en tête. Les ambiances varient, tour à tour acoustiques et presque "légères", parfois crépusculaires et glacées ("Dirt from a Holy Place", qui accompagnerait parfaitement un film de Murnau), souvent au sein du même morceau ("Head", où un climax lumineux succède à une ambiance profonde).
Les compositions, mélodiques, mouvantes et progressives, débarrassées d'enluminures techniques, le chant loin des clichés metal aussi, évoquent la démarche de Porcupine Tree, dont le leader Steven Wilson est d'ailleurs invité sur ShutDOWN, seul morceau excédant les six minutes. Allez savoir s'il y a un rapport avec les réactions mitigées des amateurs (puristes?) de rock progressif.
A ces derniers, comme à vous, je conseille plus que vivement d'acquérir l'édition spéciale, 3 titres pour 30 minutes de bonheur supplémentaire, avec entre autres une fantastique reprise de "Set the controls for the heart of the Sun" de Pink Floyd, tout aussi psychédélique que l'originale.
Mise à feu... Décollage...
site O.S.I.

mardi 4 novembre 2008

Albinobeach - Albinobeach EP (2008)

















Originaires d' Afrique du sud, les quatre membres d'Albinobeach pratiquent un post-rock instrumental moderne, mélodique et puissant.
Un son clair ou saturé toujours très défini, rond et chaud, des arpèges en son clair qui se mêlent à des réverbérations spatiales pour peindre des aurores boréales sonores, puis qui se noient dans la réverb et le delay, toujours guidées par une batterie limpide et une basse ronde et précise.
La structure des morceaux évoque parfois Tool ("Myopia"), ou Peach, précédent groupe de leur actuel bassiste (devenus il y a quelque temps Suns of the Tundra, on y reviendra peut-être...). "Cathedral Park", intermède acoustique sur fond de beats electro, pose une dernière fois l'ambiance, avant un hypnotique "Focus" qui vous propulse en apesanteur.
Vivement l'album.
myspace Albinobeach

lundi 3 novembre 2008

Genghis Tron - Dead Mountain Mouth (2006) + Board Up The house (2008)











En mal de sensations?
Je crois avoir ce qu'il te faut, ami lecteur.
Formé en 2004 par 3 potes aux influences musicales allant de Botch et Converge à Skinny Puppy, Genghis Tron annonce par son patronyme de quoi il est ici question. De conquête, de rage et de la fureur. Voilà pour le Genghis. Quant à Tron, faites appel à vos souvenirs d'enfant; l'humain absorbé par la machine, devenu simple pion de sa propre création, dans des images devenues un rien kitsch aujourd'hui. Il y a tout ça dans ce groupe. Et plus encore.
Le trio (2 claviers, 1 guitare = 3 programmeurs...oh? pas de batterie...) délivre au cours de ces 2 opus un electro grind-core tétanisant, alternant passages de furie pure et plages electro glaciales. Comme la bande-son idéale d'un John Carpenter du XXIème siècle, synthétique, à la fois rétro et futuriste, mais suggérant dans la tension de ses passages les plus ambiant des explosions de chaos diablement jouissives.
Un son inédit qui augure de beaux jours pour les musiques extrêmes.
myspace Genghis Tron
site Genghis Tron

The Beyond - Crawl (1991) + Chasm (1993)











Des oubliés...
Deux choses m'ont attirées chez ce groupe. D'abord, ce fut la pochette de Chasm, dans ces tons sépia, et une chronique dans un magazine de metal que je lisais à l'époque, au lycée. Ensuite, quelques années plus tard, une interview de Therapy?, dans laquelle les musiciens (et notamment leur batteur de l'époque, le monstrueux Fyfe Ewing) qui voyaient en ce groupe une influence majeure. Et force est de reconnaître qu'en effet, la filiation prise parfois la consanguinité. Attention, hein, il est hors de question pour moi de dire du mal du groupe au "?", leur "Troublegum" traînant pas loin d'un certain "Nevermind" de vous-savez-qui dans ma discothèque (sinon, comment êtes-vous arrivés ici???).
Batterie épileptique, moins claquante et plus souple, jazzy parfois. Même sens du riff abrasif ou dissonant et de la compo qui tue, mais plus de nuances, dans le toucher entre autres. La basse est plus groovy que tendue, le chant moins véhément que lyrique, entre (j'ai cherché longtemps, mais faute de mieux:) Pearl Jam et Tool.
Sur le second opus, d'ailleurs, on remarque un certain rapprochement avec ces derniers. La musique se fait moins jazzy, plus progressive. On pense parfois à Porcupine Tree en écoutant cette pop-rock-prog, moins sèche que par le passé.
Pour faire court, voici deux albums méconnus et selon moi dignes d'écoute.
Sûr qu'on aurait adoré quand on était ados, non?
Une dernière anecdote, pour la route: le batteur de The Beyond, Neil Cooper, joue depuis 2002 dans...Therapy?, étonnant, non?
myspace The Beyond
un ptit YouTube, si vous doutiez de moi

Callisto - Noir (2006)














Après un premier album dans la lignée de Cult Of Luna, les finnois de Callisto affichent avec ce second opus des ambitions allant au-delà d'un post-hardcore classique, prenant parfois des détours aériens (ou aquatiques) évoquant Isis.
Ce "Noir" se pare pourtant d'autres teintes et est loin d'être aussi uniforme que les ténèbres qui entourent ceux qui traversent l'écorce terrestre. Il garde en effet une puissance tellurique et élémentale propre au courant post-core, mais ce tunnel conduit à une mine, d'idées et d'émotions.
Glissant tour à tour sur un velours jazzy ("Wormwood"), des sphères aériennes, traversant les strates en profondeur avant de s'élever dans des hauteurs noise , puis après une une courte transition, s'élevant à nouveau dans des développements progressifs, cette musique est cinématographique. Emotionnelle et belle, aussi.
A écouter dans le noir, justement.
Les yeux fermés.
Callisto

Senser - Asylum (1998)


Formé à la fin des années 1980, Senser fut aux côtés de Rage Against The Machine et Urban Dance Squad l'un des acteurs majeurs du courant fusion-crossover de la décennie suivante.
Avec "Stacked Up", 1er album sorti en 1994, et deux singles imparables ("Eject" et "Age of panic"), le groupe présentait un mélange inédit, intégrant à une base rap-metal des éléments techno ou ambiant de la nouvelle scène electro anglaise (Prodigy, Death in Vegas...).
En 1995, après avoir tourné avec les Red Hot Chili Peppers, Skunk Anansie, et écumé de nombreux festivals, le groupe se scinde en deux. Heitam, le chanteur, entraîne avec lui le batteur et le programmeur dans Lodestar, qui conservera de son aîné le flow rap, les guitares metal, et des éléments électronique plus concis.
Autour de la chanteuse et flûtiste Kerstin et épaulé d'un nouveau batteur, le reste du groupe entame un processus de composition qui sera interrompu par la grossesse de la dame. Une longue gestation pour l'album qui, en référence à l'heureux évènement, portera le nom d' "Asylum". A double sens, même. Car le groupe fait ici peau neuve, et l'on pourrait voir en cet "asile" protecteur la chrysalide de laquelle émerge le papillon.
Dès les premières envolées, la dynamique Senser est là; rythmes jungle et riffs acérés. Pourtant elle a pris de nouvelles couleurs, grâce à une utilisation décomplexée de l'électronique, mais surtout grâce à ce chant exclusivement féminin, cette voix tour à tour sucrée ou rageuse, cajôleuse ou hystérique. La musique est versatile, tantôt reptilienne ("Desensitized"), épileptique (le bien nommé "Adrenalin") ou vaporeuse et lascive ("Lizard"), et ce avec une fluidité remarquable jusqu'au final.
Certains préfèrent le Senser d'origine, revenu en 2004 avec l'album SCHEMatic.
Pas moi.
site Senser
myspace Senser
single inédit "End of the world show" (téléchargement légal)

Keziah Jones - Nigerian Wood (2008)


















Spéciale dédicace pour mes amis Alex et Gwen, mes drôles d'oiseaux qui ont migré au sud, leur matou Moka et leur petite colombe arrivée il y a un an. Avec un petit peu de retard, je te souhaite un joyeux anniversaire Léa Marie.
Un nouveau Keziah Jones, c'est toujours un plaisir attendu, et renouvelé. Comme un bon café, dont l'arôme vous parvient doucement et vous grise avant même de porter la tasse à la bouche. Qui vous emporte, ensuite, et vous emmène au bout du monde. Fort et racé.
Ce Nigerian Wood fait feu de tout bois. Moins velouté que le précédent, plus serré, “kpafukaïsant” pourrait-on dire.
A noter, une version 2cd, pour ceux qui l'auraient manquée (sorry Alex :). A déguster seul, ou entre amis.
Entre amis dès que possible.
myspace Keziah Jones
écoute sur deezer

samedi 1 novembre 2008

Leaf Hound - Growers Of Mushroom (1971)

A la demande de mon ptit et pour tous, un ptit lien de musique de babas de quand on n'existait pas. Il paraît qu'ils viennent de se reformer pour quelques concerts. Si le coeur vous en dit, cliquez ici (site Leaf Hound)

Cynic - Focus (1993)















Formé en 1987 par Paul Masvidal (voix, guitare), Sean Reinert (batterie) et Tony Choy (basse), Cynic est à l'origine un groupe assez typique de la scène death-metal floridienne (cf. les 2 premières démos).
Après avoir fait leurs armes sur l'album "Human" de Death (pour les deux premiers) et au sein d'Atheist (pour Choy), ils enregistrent en 1993 "Focus", un album combinant puissance death et rythmiques jazz. Ajoutons à cela une voix robotique passée au vocoder et quelques tendances presque mystiques et l'on obtient un disque résolument futuriste et novateur.
Recommandé
myspace Cynic

Cynic - Traced in air (2008)

Avec leur premier album "Focus", sorti en 1993, les floridiens de Cynic furent parmi les premiers (avec Atheist) à introduire des éléments jazz dans le death-metal, et à donner au genre de nouvelles perspectives, que les musiciens développèrent ensuite dans des projets plus progressifs (Portal, Aeon Spoke, Office of Strategic Influence...).
De retour quinze ans après, Cynic reste immédiatement reconnaissable; riffs fulgurants, souplesse rythmique et structures mélodiques complexes, chant passé au vocoder. Pourtant, là où le futuriste "Focus" gardait une froideur robotique, ce nouvel opus s'avère plus souple et chaleureux, au point de paraître uniquement constitué d'énergie pure et non d'agressivité, en dépit des growls du petit nouveau du groupe compensés par une utilisation tout en subtilité d'effets sur la voix de Paul Masvidal.
A l'image de l'être de lumière qui orne sa cover, dense et aérée, complexe et limpide, cette musique pourra vous fasciner bien plus longtemps que les 35 petites minutes que durent ces huit nouveaux titres.
Cynic

ORPHANED LAND - Mabool,the story of the tree sons of Seven (2004)


















Huit ans séparent ce nouvel opus des israëliens de son prédécesseur. Une longue attente liée non seulement à un contexte politique peu propice à la diffusion d'un message fédérateur, mais également à l'ambition de ce nouvel opus. Huit années, donc, à trouver le parfait équilibre entre leur style originel, le death-metal, et leurs racines moyen-orientales. Et force est de reconnaître si leurs premières tentatives étaient déjà plus que prometteuses, on touche ici à la perfection.
Sur un terreau metal se développe une multitude d'arabesques musicales fascinantes, magnifiées par le son de l'oud, du bouzouki, des cithares et autres instruments traditionnels. Le raffinement de l'écriture et la subtilité de l'interprêtation, de même que cette quête non masquée du beau et de l'émotion évoquent un proche cousin d'Opeth qui aurait grandit dans un autre continent, et sans doute une autre spiritualité. Tout comme l'alternance de growls death et de chant clair medium, de furie et de poésie.
La musique se veut progressive, alternant moments d'intimité (la chanteuse en solo sur l'intro d'"A'salk") et lyrisme symphonique, entrecoupés de breaks plus atmosphériques évoquant parfois les duels guitare-clavier du "Metropolis (pt.2)" de Dream Theater, à tel point qu'on en oublie qu'il s'agissait à l'origine de death-metal. Un album magnifique, dont l'harmonie enivrante transporte et transcende.
And after death?...
myspace Orphaned Land