lundi 27 avril 2009

Zombi - Spirit Animal (2009)


















Zombi, duo basé à Pittsburgh (USA) doit en partie son nom à sa patrie d'origine, qui servit de lieu de tournage à plusieurs films de George A. Romero, dont le célèbre "Dawn of the Dead", également appelé...Zombi. Etonnant, non? Exit, M. Cyclopède.
Bien qu'affublés d'un pareil patronyme et signés sur Relapse (label metal-hardcore), Steve Moore (guitares, basse, synthés) et A.E.Paterra (batterie, synthés) naviguent à des années-lumières de leurs confrères de label. Ce "Spirit Animal" vous entraîne ainsi dès les premières notes dans une odyssée cosmique à bord du Faucon Millenium (ou du Grand Condor, le son de synthé rappelant étrangement le générique d'un dessin animé bien connu).
Les synthés échappés des années 70 et early-80's, tour à tour grandiloquents, hypnotiques, spaciaux ou inquiétants, évoquent tant les compositions de John Carpenter pour ses films ou de Goblin pour ceux de Dario Argento que Tangerine Dream dans leurs développement en nappes progressives. Portés par une section rythmique fine et dynamique, ils règnent en maîtres sur cinq compositions à tiroirs s'étirant entre 6 et 18 minutes.
Moins froide que sur les précédents opus, la musique se pare ça et là de flûtes, mellotron, guitares acoustique ou électrique, rappelant le Genesis de "Selling England by the Pond" (1973) ou Emerson, Lake and Palmer.
Après deux premiers mouvements en apesanteur ("Spirit" et "Powers"), le vaisseau semble traverser un vortex avant d'atterrir sur une planète inconnue, à l'atmosphère menaçante ("Through Time"). Son de basse énorme, percussions martiales et synthés rampants créent une tension constante, un sentiment d'oppression, troublé par des grondements telluriques. On s'attendrait presque à voir charger l'éléphant fantômatique de la pochette. La batterie s'abat parfois comme la foudre, et se conjugue à la basse en maëlstrom destructeur, ne laissant après son passage que poussières synthétiques balayées par le vent.

myspace Zombi

album en écoute intégrale

si vous avez aimé, essayez aussi:
Goblin, John Carpenter, Tangerine Dream

mardi 21 avril 2009

L'enfance Rouge - Trapani - Halq Al Waady (2008)


















"Je crois que l'utopie est l'élément essentiel de notre intelligence".
Cette citation issue de l'inaugural "Otranto" sera d'abord l'occasion de rappeler la polysémie du terme "utopie"; s'il renvoie dans son acception la plus courante à l'idée d'un monde idéal et juste, il signifie aussi étymologiquement "qui n'est en aucun lieu"... tout comme les trois musiciens français ou italiens qui forment L'Enfance Rouge, souvent sur la route (1800 concerts depuis 1995) et ne passant jamais plus de 4 ans au même endroit.
La musique se nourrit de leurs voyages et rencontres, chaque titre d'album faisant office de carte postale fixant les souvenirs; Trapani est le dernier port de la côte sicilienne, Halq al Waady celui de Tunis. Ce nouvel album nous emmène ainsi de l'autre côté de la méditerrannée, à la rencontre -entre autres- de Mohammed Abid, maître de l'oud (Orchestre de la Rachîdia, Institut Supérieur de Musique de Tunis) ayant grandement contribué aux arrangements de ce petit bijou.
Les compositions conjuguent avec une cohérence parfaite deux univers, deux continents, deux visions à la fois différentes et complémentaires de la musique. La tension, le "chaosss" et l'incandescence du noise-rock (évoquant le "Scrabbling at the Lock" de The Ex et Tom Cora, ou les lyonnais de Bästard) rencontrent la chaleur, les sonorités et les arabesques mélodiques de la musique maghrébine. Le chant, tour à tour masculin et féminin, déclame en français des textes poétiques et crus, abstraits ou sensuels, où perce un humanisme sincère.
Un album sans frontière, engagé, impliqué, utopique et intelligent, où tout sonne juste et vrai, à écouter sans escale.

site Virb de L'Enfance Rouge
biographie

vendredi 17 avril 2009

Easy Star All-Stars - Discographie


















Comme son nom le laisse deviner, Easy Star All-Stars est un collectif reggae-dub réuni par les co-fondateurs du label new-yorkais Easy Star: Michael Goldwasser, Eric Smith and Lem Oppenheimer. Si c'est ce dernier qui eut l'idée de monter le groupe pour reprendre le "Dark Side of the Moon" (1973) de Pink Floyd dont il était fan, c'est principalement le multi-instrumentiste Goldwasser qui fut en charge des arrangements.
Après s'être adjoint le soutien de solides musiciens (en vue de sortir du studio) et invité quelques pointures de la scène locale, le All-Stars band sort pour le trentième anniversaire du "Dark Side" son "Dub Side of the Moon", premier album et réussite absolue. L'album d'origine se prête d'ailleurs fort bien à l'exercice, partageant avec le dub une volonté de défricher des paysages sonores inédits.
Auréolé de ce succès, le collectif s'attaque en 2006 à un autre disque majeur en reprenant "OK Computer" de Radiohead, le rebaptisant avec humour "Radiodread". En dépit de bons moments, l'album s'avère moins réussi que le précédent. Saluons toutefois l'audace du groupe car le challenge était pour le moins corsé, la sensibilité à fleur de peau du groupe d'Oxford semblant difficilement transposable à la générosité rayonnante du reggae.
Sorti l'année dernière, le moins remarqué EP "Until that day" rappelle que le groupe n'est pas qu'un "cover-band" et compose aussi ses propres morceaux depuis bien plus longtemps qu'il ne reprend ceux des autres.
Mais voilà qu'aujourd'hui (bon, ok, la semaine dernière pour être exact) sort "Easy Stars Lonely Heart Dub Band", où les new-yorkais s'attaquent au "Sergent Pepper's (...)" des Beatles. Coloré et varié, l'album est une nouvelle réussite qui, même si elle ne détrône pas "Dub Side" s'écoute avec un réel plaisir... et le sourire. C'est le printemps !!!

Discographie:
.Dub Side Of The Moon (2003) ---> écouter des extraits
.Radiodread (2006) ---> écouter des extraits
.Until That Day (EP - 2008) ---> écouter des extraits
.Easy Star Lonely Hearts Dub Band (2009) ---> écouter des extraits

écouter des morceaux complets sur le myspace Easy Star
site du label Easy Star
clip "Money"

mercredi 15 avril 2009

Electric Electric - Sad Cities Handclappers (2008)

















Duo guitare-batterie (devenu depuis trio avec l'arrivée d'un clavier), Electric Electric est pour moi LE groupe français de l'année 2008.
Bien qu'influencée par le rock-noise du Chicago des années 90, et plus particulièrement les groupes de Steve Albini (Big Black, Shellac) dont elle tire sa sècheresse rythmique, la musique des strasbourgeois se rapproche davantage du math-rock de Battles, avec une maîtrise du beat afro à renvoyer les (pourtant excellents) Foals et leur album "Antidotes" à leur copie.
Les boucles de guitare se juxtaposent et saturent le cerveau tandis que la batterie s'adresse au corps, en une musique surtendue, épileptique et frénétique menant à la transe... et à la danse.
A découvrir AB-SO-LU-MENT ICI (en écoute intégrale)

site Electric Electric

1980 - s/t (2007)
















Quatuor avignonnais, 1980 conjugue avec brio la rigueur et la versatilité rythmique du math-metal avec la complexité, le groove et les progressions mélodiques du jazz-fusion.
Ce premier album oscille entre les deux univers, renvoyant tant à Meshuggah et Cynic (dont le groupe fit la première partie) qu'à Weather Report, au Mahavishnu Orchestra ou -pour citer des contemporains- Mats and Morgan (jeunes prodiges du jazz révélés par Zappa) avec un feeling, une technicité et une fluidité parfaite.
Colorée et chaleureuse,tout comme la pochette de l'album, cette autoprod fait montre d'une grande maturité musicale.
Trois petits morceaux seulement sur leur myspace, mais qui devraient vous donner envie d'en entendre davantage.

Tant de nouveautés, mais si peu de temps...

Amis lecteurs, bonsoir...
Après quelques semaines de disette musicale, votre humble serviteur a subi (avec bonheur) un déferlement de nouveautés.
Ayant trop peu de temps pour aborder en détail chacune de celles-ci, je me livrerai donc, une fois n'est pas coutume, à des chroniques express, pour vous faire découvrir un maximum de petites pépites. Les liens officiels ou pratiques seront comme toujours indiqués en bas des posts. J'espère que vous y trouverez les infos qui combleront de fort probables lacunes.
Bonne chasse aux trésors.

Cloudkicker - The Discovery (2008) + The Map Is Not The Territory (2009)


Cloudkicker est l'oeuvre d'une seule personne: Ben Sharp, originaire de L.A. et baujourd'hui basé à Columbus (Ohio).
Sur l'album et le EP, c'est lui qui assure guitare-basse-batterie-samples-et-tout-le-reste, artwork y compris.
Quid de la musique? Un math-metal instrumental entre Meshuggah (la complexité rythmique) et les ambiances et circonvolutions de Devin Townsend -période "Ocean Machine"- : les riffs se meuvent en vagues rythmiques dans lesquelles la mélodie se reflète et vacille, aidée en cela par des violonings hypnotiques.
A noter, l'album et le Ep sont en téléchargement gratuits.
Je me permettrai de citer l'artiste en conclusion: "this album was recorded for a grand total of $0, and is therefore being distributed for free. if you paid money for this you're a sucker."
A découvrir absolument (20.000 personnes l'ont déjà fait).
Puisqu'on vous dit que c'est en téléchargement légal et gratuit (et au format qui vous sied) !!!

myspace Cloudkicker

Caverns - Kittens! (2008)
















Basé à Washington, Caverns délivre une musique hybride aux croisées du math-rock et du metal progressif, à laquelle la composition peu courante du groupe n'est sans doute pas étrangère; une guitare, une batterie, pas de chant mais un piano qui confère au trio sa personnalité unique.
Après une courte plage de feedback, "Spreading like a virus" ouvre les hostilités en un déferlement de riffs de guitare touffue boosté par un piano tourbillonant avant de partir en dissonances. Plus calme et aéré, le morceau suivant fait la part belle à la mélodie naissant des touches blanches et noires.
Ce trop court EP oscillera ensuite de la même manière entre moments de chaos et d'accalmie, tantôt bancal et tumultueux ("Dance you son of a bitch", où piano syncopé et guitare dissonante se répondent avant de s'unir avec autant de fracas qu'une tempête en pleine mer), parfois jazzy ("Stop being paranoid"), avant une dernière charge mélodique dopée à la testostérone (le bien nommé "Remasculator") uppercut qui vous laissera k.o., mais la tête sur l'oreiller ("Pillow Talk").
Des titres évocateurs pour une musique évocatrice...

myspace Caverns