jeudi 11 décembre 2008

A Perfect Circle - eMOTIVe (2004)

















Ironiquement commercialisé le jour de la réélection de Georges W. Bush, "eMOTIVe" est un album quasi intégralement de reprises de chansons ayant pour thème la guerre et la paix. De reprises, ou devrais-je dire de réinterprêtations, il suffit de jeter une oreille à leur reprise de "Imagine", qui substitue à l'espoir la désillusion, comme sur la pochette de l'album d'une certaine manière.
Au fur et à mesure de l'écoute, le disque se révèle plus être une collection de chansons hétéroclites dont le thème serait le seul fil conducteur. On décèle quelques nouveautés, comme la voix d'Howerdel sur une reprise de Nick Lowe (peut-être pour faire ses armes avant son actuel projet Ashes Divides), des ambiances étouffantes et oppressantes (la voix étranglée sur le "Gimme gimme gimme" de Black Flag) et quasi industrielles ("Counting bodies like sheep to the rythm of the war drum", dont le texte emprunté au "Pet" du précédent album est déclamé sur un rythme martial) ou le beat épileptique de "Let's have a war".
L'ambiance est souvent froide et sombre, comme sur "What’s going on" (Marvin Gaye), où des sonorités 80's remplacent la chaleur de la soul. La guitare se fait discrète, n'éclatant que rarement ("Freedom of choice"), notamment lors du seul véritable inédit "Passive", titre initialement destiné au projet avorté Tapeworm (devant réunir Keenan et Trent Reznor, qui distille ci et là quelques notes d'un clavier immédiatement reconnaissable).
Certainement le disque le moins cohérent et le plus intriguant de A Perfect Circle, "eMOTIVe" recèle tout de même quelques pépites sombres dont la beauté se révèlera selon vos émotions.

clip "Counting bodies like sheep to the rythm of the war drum"...
sur le site du groupe
sur you tube

A Perfect Circle - Thirteenth Step (2003)

Retour d' A Perfect Circle après quelques changements de personnel. Départ de Troy Van Leeuwen pour rejoindre Queens of the Stone Age, de Paz Lenchantin partie offrir ses services à l'ex-Smashing Pumpkins Billy Corgan dans son projet Zwan. Arrivée d'une autre "ex-citrouille", le guitariste James Iha et de Jeordie White, plus connu sous le pseudo Twiggy Ramirez, bassiste de Marylin Manson...
"The package" ouvre l'album sur une guitare limpide et une batterie très sèche, compensée par l'arrivée d'une basse souple. Les guitares se croisent et tissent leur mélodie. Le son est plus homogène que sur le précédent album, plus lié. Le chant de Maynard James Keenan s'avère plus émotionnel et nuancé, plus juste, dans tous les sens, tout en retenue durant la première partie du morceau, rendant plus explosive l'explosion des riffs guitares d'Howerdel et Iha, au jeu percutant. Autre constat, le groupe prend le temps de développer ses atmosphères, ce premier morceau dépassant les 7 minutes, soit presque 3 de plus que le plus long morceau de "Mer de Noms". "Weak and powerless", quoique plus court, est tout aussi tortueux, les arabesques de guitares boostées par la frappe dynamique de Josh Freeze vous propulsent en apesanteur. "The noose" vous laisse tout là-haut, enveloppé dans des nappes de clavier aériennes, tandis que le chant, à la fois fragile et serein vous file la chair de poule. Sur le morceau suivant, c'est la guitare qui à son tour s'envole. Retour ensuite à une ambiance plus cotonneuse avec "Vanishing" et mélancolique ("A stranger", auquel le violon donne un charme délicieusement suranné). Le retour de la batterie se fait sentir sur "The Outsider", la basse fait revenir une certaine tension avant que les guitares ne se livrent de nouveau à leurs échanges arachnéens avant le point d'orgue final, tension qui se maintiendra sur Crimes, de manière plus larvée et monocorde (et je ne plaisante pas sur le bassiste qui semble découvrir avec bonheur de nouveaux horizons...) avant de disparaître sur "The nurse who loved me" (une reprise de Failure), sorte de berceuse intimiste où les cordes -y compris vocales- trouvent un équilibre subtil. "Pet" vient après une courte transition souffler le chaud et le froid, plombant de nouveau le son pour vous ramener à terre, pour vous laisser ensuite vous échapper vers ces hauteurs obsédantes le temps d'un dernier "Gravity".
Un disque de metal intelligent, subtil, poétique, progressif, mélancolique, envoûtant, intense... perfect?
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A Perfect Circle - Mer de Noms (2000)



















A Perfect Circle est avant tout la créature de Billy Howerdel, technicien guitare pour Bowie, Tool, Smashing Pumpkins et Nine Inch Nails dont il fut également guitariste live...
Pourtant, ce premier album apparut lors de sa sortie davantage comme le "side-project" de Maynard James Keenan, chanteur de Tool et colocataire d'Howerdel. Pour un temps seulement, mais l'attente du successeur de AEnima, sorti quatre ans plus tôt, devenait longue pour tous les fans de son groupe principal. Aux côtés des deux hommes, Troy Van Leeuwen (ex-guitariste de Failure), Paz Lenchantin (basse, violon) et Tim Alexander (ex-Primus) remplacé avant l'enregistrement par Josh Freeze (Nine Inch Nails, Vandals, Guns'n Roses, Devo...) complètent la "dream team".
Dès les premières notes de "The Hollow", la différence avec Tool est perceptible, la production plus aérée fourmille de détails et met en valeur des compositions soignées et mélodiques, moins cérébrales et davantage émotionnelles que ce que l'on aurait pu imaginer à la lecture du casting. Aux développements complexes, A Pefect Circle préfère la mélodie et montre un certain raffinement dans les arrangements.
On navigue ainsi tranquillement sur cette "Mer de Noms", allant d'île en île, entre morceaux énergiques aux guitares touffues et racées ("Judith", "Magdalena"), ballades portées par les harmonies vocales de Keenan ("Orestes", "3 Libras") ou instrumental contemplatif ("Renhölder", qui s'ouvre sur des arpèges acoustiques avant que les percussions n'interviennent et lui donnent une atmosphère presque mystique que piano et violon teintent de mélancolie).
Le capitaine vous souhaite une agréable croisière.
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