jeudi 6 novembre 2008

Snot - Get Some (1997)

Snot. Vif et teigneux, joueur aussi, à l'image de sa pochette, portrait de la mascotte du groupe, le chien du chanteur Lynn Strait. Groupe éclair constitué de "morveux" californiens, contemporains de Sugar Ray et partageant avec eux le producteur T-Ray (ex-House Of Pain) et les centres d'intérêt (sexe, drogues, rock, hip-hop, surf...géographie oblige). Un côté p'tit con aussi, dès l'intro: "say something to the record, tell the people what you feel" auquel une voix répond "fuck the record, and fuck the people", ou dans le morceau "Mr.Brett" qui se moque moque ouvertement de Brett Gurewitz, guitariste de Bad Religion et fondateur du label Epitaph (Offspring, NoFX,...). Les ressemblances s'arrêtent là.
Le hardcore de Snot, c'est un coup de poing dans la gueule, mais mis avec le sourire. Une brutalité punk, avec une vitalité funk. Une basse ronde et tendue, une batterie qui claque, des guitares en équilibre, une guitare funky, vivace et dynamique, une autre incisive et lourde, hardcore. Une musique groovy et puissante, aussi efficace sur les mid-tempos ("The Box") que sur des rythmes plus enlevés ("Deadfall", qui démarre sur les chapeaux de roues et dérape sur un break country crétin pour finir dans le mur), prenant parfois le temps de se prélasser dans des ambiances funky moites et langoureuses ("Get some keez").
Les compos sont de parfaits écrins pour le chant de Strait, qui alterne scansions hip-hop, gueulantes et refrains hardcores fédérateurs (j'ai une de ces envies de pogoter, moi...) pour mieux vous envoûter ensuite avec une voix soul au velours abîmé comme celui d'un billard de bistrot. Snot sent la clope, la bière, les coins sombres et pas toujours propres, mais dégage une p**tain d'énergie, comme une étoile qui s'éteint.
Lynn Strait mourut d'ailleurs quelques mois après la sortie de ce disque, seul véritable album de Snot, le second voyant nombre de leaders de la scène (neo-) metal tenter de combler le vide de sa disparition (les chanteurs de Korn, Deftones, System Of A Down, Sepultura/Soulfly...).
En vain.
myspace Snot (il semblerait qu'il y ait un nouveau chanteur).
A suivre...???

Yakuza - Samsara (2006)


















Quatre ans après le précédent opus, Yakuza revient avec ce "Samsara". Ceux qui connaissent le groupe ne se seront pas fiés à la pochette, évoquant celle de compilations de lounge music très répandues, et savent qu'il s'agit de jazz-core destructuré et violent.
Pourtant, dès les premières notes, ce nouvel album sonne différemment de son prédécesseur. La production est plus précise, plus spaciale aussi, conférant aux percussions introduisant "Cancer industry" un claquant immédiat. Impression confirmée par les guitares, plus lourdes et tranchantes que par le passé, appuyées de growls hardcore rappelant ceux de Phil Anselmo (Pantera). La puissance de ce Yakuza est plus frontale, la rythmique moins raffinée que par le passé. On notera en parallèle une affirmation du chant clair sur certains morceaux ("20 Bucks").
Hormis ces évolutions, on navigue en terrain familier, entre fulgurances grind ("Dishonor") ou hardcore ("Just say know") et passages plus ambient ou complètement psychédéliques ("Monkey Tail", ou l'interlude "Transmission ends...signal loss") évoquant parfois Jane's Addiction dans ses développements ("Exterminator").
Un disque énorme, riche et puissant, qui devrait vous donner envie de découvrir le reste de la discographie de ce groupe singulièrement trippant.
myspace Yakuza
label Yakuza

Yakuza - Way of the dead (2002)













Imaginez une rencontre musicale entre le free-jazz du Painkiller de John Zorn et le hardcore chaotique de Dillinger Escape Plan, et vous ne serez pas très loin du rendu de ce second album des chicagoans de Yakuza.
Après une intro brumeuse au parfum d'encens percé par le chant guttural de moines orientaux, la musique s'emballe en un metal-core épileptique. Une guitare crunchy enchaîne riffs plombés et dissonants, épaulée par une section rythmique à la souplesse jazz également capable d'accélérations typiquement grind, ou spasmodiques ("Miami Device" évoque un System of a Down débarassé de sa théâtralité).
Sur cette structure à la fois souple et nerveuse, Bruce Lamont pose tour à tour chant clair, growls hardcore, ou saxophone, instrument majeur de la musique de Yakuza. Successivement rythmique, mélodique, orientalisant, aérien, posé ou strident, son souffle parcourt l'album entier comme l'influx nerveux la moëlle épinière, c'est lui qui sera promu souverain tranquille de ce disque après 27 minutes de fureur et une dernière plage instrumentale de 43 minutes ("01000011110011") que je vous recommande d'écouter au moins une fois dans son intégralité.
En conclusion, un remarquable second album... Le troisième sera terrible.
A suivre...
Yakuza

Pure Reason Revolution - The Dark Third (2007)



















Précédé de quelques mois par un maxi plus que prometteur, "The Dark Third" est le premier album des anglais de Pure Reason Revolution. Dès les premières notes d'Aeropause 2 (le 1er du nom figurait sur le EP), les arpèges cristallins et une guitare en slide ascensionnel évoque le jeu typique de David Gilmour. Aucun doute possible, l'ombre de Pink Floyd plane sur ce disque, modernisée, enrichie de guitares metal touffues et puissantes, d'éléments electro savamment distillés ça et là, renforcant comme chez Office Of Strategic Influence la dynamique des morceaux.
Un violon s'y ajoute, apportant sensibilité et vivacité pour créer un prog moderne, enrichi de mélodies pop, comme chez Porcupine Tree, avec un atout supplémentaire: les choeurs, très soignés, directement hérités des Beach Boys ou de Queen. Les voix, masculine et féminine se cherchent, se trouvent, se répondent et s'unissent dans des crescendos aériens ou extatiques. Les instruments, comme les voix, trouvent leur équilibre dans des compositions aux orchestrations soignées et aux durées extensibles, alternant formats courts et morceaux à tiroirs.
Tantôt aériennes, intimistes, lyriques, touchantes ou puissantes, les chansons de ce jeune groupe sont la plus belle des invitations à découvrir les contrées progressives...
Pure Reason Revolution

Nils Petter Molvaer - Khmer (1997)



















Avec son premier album, le trompettiste norvégien Nils Petter Molvaer -comme son contemporain Erik Truffaz- contribue à la naissance d'un nouveau courant du jazz, ouvert sur les perspectives apportées par la technologie et l'intégration d'éléments électro.
La musique est d'abord contemplative, les notes s'élèvent comme une légère brise sur la steppe. Un battement évoquant celui d'un coeur, des samples cristallins s'unissent ensuite en une pulsion organique feutrée que vient percer une trompette qui s'envole, chancelante, avant de se retrouver au coeur d'un chaos d'effets crissants, qui cesse aussi vite qu'un orage d'été et rend l'éclaircie plus appréciable encore. Molvaer fait montre d'une science de la respiration qui évoque directement Miles Davis, époque "Kind of Blue".
L'album oscille ainsi entre tension et libération, tour à tour tendre et velouté, jazz intimiste et contemplatif, ou trip-hop claustrophobe dans lequel la trompette est la seule respiration. Des touches d'instruments traditionnels et percussions viennent apportent quelques couleurs aux paysages émotionnels composés par Molvaer et son créatif guitariste Eiviind Aarset.
Un album aux croisées de deux univers...
Puisse le voyage vous plaire.
Nils Petter Molvaer

GROUNDATION - We Free Again (2004)

















Que dit un rasta qui arrête de fumer?
- "mais... qu'est-ce que c'est que cette musique de m*rd* ?...".
Désolé, j'ai pas pu m'empêcher... Cette petite plaisanterie ne visait qu'à me détendre avant d'écrire, chose que je n'aurais jamais cru faire jusqu'ici, sur un disque de reggae. Force m'est de reconnaître qu'il ne s'agit en rien de mon genre de prédilection, très loin de là, mais deux choses m'y ont amené. Le morceau "Concrete Jungle" de Bob Marley, dont le feeling "rock" (appréciation personnelle) m'a immédiatement titillé l'oreille. La seconde fut ce disque. Un ami déjà nommé dans ces pages m'avait fait écouter -au milieu d'une centaine d'autres disques- leur précédent opus. Mais pour celui-ci, violente fut la claque.
La production, limpide, chaleureuse, ample transporte immédiatement en ces contrées radieuses qui donnent un tout autre sens au mot contraste. Ce son fut pour moi la meilleure des introductions; pensant affronter l'aridité du désert, je me retrouvai au milieu d'une oasis. Une profusion d'instruments; une solide assise reggae renforcée par des percussions généreuses, et dominées par le chant de prophète, plein de ferveur, d'Apple Gabriel.
Des touches d' orgue et de cuivres évoquent la chaleur du jazz, dont sont issus certains membres du groupe. Le soin apporté à la composition est remarquable également, avec parfois même des ambitions progressives comme sur "Cultural Wars", morceau de bravoure final en quatre mouvements qui, si vous ne remuiez jusque là que les orteils, vous fera vibrer des pieds à la tête pour de bon avant de vous laisser retomber épuisé dans votre fauteuil.
Fais tourner :)
Groundation

Office Of Strategic Influence - Office Of Strategic Influence (2003)















Formé de fines lames du metal progressif moderne, OSI offre une musique généreuse et ambiancée à mille lieues de ce que l'on serait en droit d'imaginer à la lecture du casting de ce "all-stars band": Mike Portnoy (batteur de Dream Theater), Kevin Moore (clavier, ex-Dream Theater, Chroma Key), Jim Matheos (guitariste de Fates Warning) et Sean Malone (ex-Cynic, Gordian Knot) délivrent sur ce premier album une musique affranchie de démonstration technique, au son très actuel, riche et spatial, qui vous absorbe dès les premières secondes pour ne plus vous lâcher.
En ouverture d'album, deux morceaux metal aux riffs tourbillonants vous propulsent immédiatement dans la dynamique des compositions, avant de glisser vers des contrées plus calmes où une guitare acoustique vient offrir aux éléments électroniques un espace où s'épanouir. Le son, ample et profond, enrichi des boucles et samples de Moore trouve un parfait équilibre entre les instruments et les effets, et sert des mélodies qui restent en tête. Les ambiances varient, tour à tour acoustiques et presque "légères", parfois crépusculaires et glacées ("Dirt from a Holy Place", qui accompagnerait parfaitement un film de Murnau), souvent au sein du même morceau ("Head", où un climax lumineux succède à une ambiance profonde).
Les compositions, mélodiques, mouvantes et progressives, débarrassées d'enluminures techniques, le chant loin des clichés metal aussi, évoquent la démarche de Porcupine Tree, dont le leader Steven Wilson est d'ailleurs invité sur ShutDOWN, seul morceau excédant les six minutes. Allez savoir s'il y a un rapport avec les réactions mitigées des amateurs (puristes?) de rock progressif.
A ces derniers, comme à vous, je conseille plus que vivement d'acquérir l'édition spéciale, 3 titres pour 30 minutes de bonheur supplémentaire, avec entre autres une fantastique reprise de "Set the controls for the heart of the Sun" de Pink Floyd, tout aussi psychédélique que l'originale.
Mise à feu... Décollage...
site O.S.I.