jeudi 26 février 2009

Compilation - Like Black Holes In The Sky (tribute to Syd Barrett) (2008)


















Syd Barrett était l'un des membres fondateurs de Pink Floyd et une figure majeure du rock psychédélique. Principal compositeur du premier album des dinosaures anglais, il fut toutefois rapidement évincé du groupe au profit de David Gilmour, initialement recruté pour jouer ses compositions, et qui prendra la relève de Roger Waters à la barre du navire jusqu'au naufrage amorcé dans les années 80. La raison de cette éviction? Un penchant prononcé pour les substances psychédéliques alors en plein essor, accentuant son instabilité (à en croire certains, Syd aurait refuser de jouer sur scène, persuadé que sa guitare pouvait le faire seule...) incompatible avec le succès grandissant de la formation. Nul doute que le Floyd n'en serait pas arrivé là sans lui, et ne le souhaitait peut-être d'ailleurs pas, si l'on en croit le titre de l'album qui lui est dédié: "Wish you were here" (1975).
Barrett composa deux albums,"The Madcap Laugh"(1970) et "Barrett" (1971) et d'autres enregistrements parus plus tard sous le titre "Opel". A partir de 1974, il affirme son autre ancienne passion et quitte la musique pour la peinture jusqu'à son décès le 7 juillet 2006, de complications liées au... diabète.
Sur cette compilation, "Like Black Holes in the Sky", treize groupes de la scène stoner, doom, metal progressif lui rendent hommage en reprenant des morceaux du Floyd première époque (2/3) comme de son répertoire personnel, avec plus ou moins de réussite, option "plus".
Comme souvent dans ce genre d'exercice, on trouvera des reprises un peu timorées ou d'une fidélité telle qu'on en vient à douter de leur utilité (Stinking Lizaveta...) mais aussi quelques surprises comme l'étonnante reprise de "Arnold Layne" par Intronaut à cent lieues de son registre habituel, ici plus proche de Failure que de Mastodon. Kosmos s'en sort également avec les honneurs sur "Vegetable Man", de même que Kylesa avec sa version musclée de "Interstellar Overdrive", ou Giant Squid sur "Octopus", qui débute comme un morceau grunge avec un chant à la Jello Biafra avant de prendre une tournure psychédélique. Je ne vais pas tous les énumérer...
Enfin, il y a ceux qui s'approprient les morceaux et leur donnent un relief nouveau, comme Unearthly Trance ("Long Gone") et surtout Yakuza et Jesu, qui transcendent respectivement "Lucifer Sam" en charge grindcore boostée au sax, et "Chapter 24" en electro-ambient entre ombre et lumière.
Hommage respectueux et sincère à génie ou un fou, aux confins de plusieurs univers qui me sont chers, sûr que ce disque a sa place en ces pages.

Et pour ne rien gâter, vous pouvez le découvrir en écoute intégrale sur le myspace du projet.
Pour en savoir plus , le site Syd Barrett.

samedi 7 février 2009

EPHEL DUATH - The Painter's Palette (2003)


















Puisant son nom dans l'oeuvre de Tolkien, Ephel Duath (montagnes entourant le Mordor) était à l'origine un groupe de metal extrême italien, hâtivement catalogué "black" en dépit d'une ouverture évidente à d'autres genres.
Seul rescapé de la formation d'origine, le guitariste et principal compositeur Davide Tiso affirme ses ambitions d'expérimentations en s'entourant d'un line-up hétéroclite. Il est ainsi rejoint par le batteur Davide Piovesan, 47 ans, venu du jazz et du blues , Fabio Fecchio bassiste funk-fusion, un chanteur lyrique et émotionnel (Davide Tolomei) et un hurleur (Luciano George Lorusso, venu du hardcore).
Chacun apporte sa sensibilité à ce concept-album, palette dont chaque titre est celui d'une nuance de couleur, pour créer un tableau sonore impressionniste en perpétuel mouvement.
Enrichies de cuivres (sax, trompette) comme chez Yakuza et de sonorités electro, les compositions alambiquées alternent secousses hardcore, passages jazz tout en finesse ("Praha"), crescendos progressifs et atmosphériques, et crises d'épilepsie jungle ("The Passage") ou metal ("Ruins") avec une technicité sans faille et un sérieux grain de folie... ou de génie, car il en fallait pour tirer d'une formation aussi improbable un joyau de la sorte.
Extrême...ment recommandé.

myspace Ephel Duath

vendredi 6 février 2009

Extra Life - Secular Works (2008)


















Voici un peu plus de deux mois que j'ai découvert cet album, et je dois avouer qu'il a autant tourné dans ma platine que ma plume dans l'encrier avant d'entamer ces lignes... Pourtant la claque a été immédiate, dès le premier morceau qui vint égayer une journée de découvertes musicales plutôt fades.
"Blackmail Blues" ouvre en effet l'album par un morceau math-rock définitif, dont la rythmique hypnotique glisse doucement vers la structure d'un raga indien sur la seconde partie où batterie et voix psalmodient à l'unisson leurs (doubles?) croches enivrantes alors que la basse, claquante, vous flagelle.
Pourtant déjà, le groupe affirme une personnalité et une sensibilité radicalement différentes d'un math-rock classique que les morceaux suivants laisseront s'exprimer hors de tout carcan. L'apport du violon et du sax ténor enrichissent la dynamique, proche de celle des hongrois de Masfel, mais c'est surtout le chant de Charlie Looker qui confère à la musique du quintet new-yorkais son caractère unique.
Souple et vibrante, tour à tour fervente et fragile, austère ou emphatique, elle mêle au sacré une élégance (maniérisme, diront les mauvaises langues) typique de l'indie anglais des années 80.
La musique est elle aussi versatile, alternant épure et chaos, concassages rythmiques, ambiances recueillies ("I'll burn") ou plus légères ("The Refrain", petite ritournelle folk aux accents médiévaux). Les instruments se relaient, parfois imperceptiblement, pour tisser tensions et libérations, et transcender l'ombre en lumière ("This Time" et son final épique).
"Secular Works", ou l'art de ramener une inspiration venant d'ailleurs au coeur de son époque...
ne vous faites pas prier pour essayer.

myspace Extra Life